Je ne connaissais pas du tout Edmond Jaloux avant de tomber par hasard sur "Le reste est silence", prix Fémina 1909. Et ce fut une sacrée bonne pioche !
J'ai été entraînée sans m'en rendre compte dans l'intérieur petit-bourgeois de ce foyer composé du narrateur, un très jeune garçon, de son père, employé de bureau, et de sa mère, la jeune et jolie Jeanne, que doit "tenir sa maison" ou plus exactement surveiller sa bonne et enseigner à son garçon.
Ce huis-clos a des relents du "Pot-Bouille" de Zola mais en plus humain, en moins noir bien que le récit ne soit pas drôle. En ce XIXème siècle déclinant, le jeune narrateur porte un regard naïf et vierge sur la position sociale de ses parents et sur la condition de sa mère, ne comprenant pas pourquoi elle agit en secret, s'absente, parle à un monsieur pendant leur promenade au parc, et va jusqu'à mentir.
Edmond Joyeux décrit avec une justesse pleine de douceur, de poésie et de drame l'étroitesse des relations de ce couple mal assorti, ainsi que les sentiments juvéniles du narrateur, touchant de bonne volonté et dont l'innocence nous ramène à nos premières sensations.
Ce roman en version audio est disponible sur litteratureaudio.fr et est parfaitement lu par la donneuse de voix. Je vous le recommande chaleureusement.