Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
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le 23 oct. 2022
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Je remercie dans un premier temps l'autrice de m'avoir fait parvenir son album jeunesse.
Le premier aspect que je souhaite aborder le concernant, parce qu'il détonne, est l'écriture. Non pas qu'il soit mal écrit, au contraire, j'apprécie la variété de vocabulaire et de sonorité, mais il est beaucoup trop long pour le lectorat 4-6 ans. Je me base sur le programme scolaire du Québec et ce que les professeurs de ce niveau m'ont apprit en librairie. Au pays, on commence à former à la lecture seulement en première année primaire, soit à 6 ans. Cette longueur de texte et cette charge de vocabulaire correspond plus à la fin deuxième année primaire ( 7 ans) et début troisième année primaire ( 8 ans). En outre, comme ni les 4 ans ni les 5 ans ne savent lire, je ne vois pas la pertinence de mettre "Dyslexie" comme accommodement, puisque c'est évidemment le professeur qui va devoir lire cette longue histoire.
J'ajoute que je ne vois pas en quoi il est adapté pour la dyslexie. Il n'y a ni variation de police, de couleur, de formes, mais aussi aucunes lettres barrées, ni même de marges double interligne, comme les oeuvres adaptés pour la dyslexie. Mais nous avons peut-être des différences d'accommodements entre nos deux pays?
Sur les thèmes, j'ai bien sur apprécié celui de l'école, lieu de Savoir et d'apprentissages, à travers le regard de ce chat orange. À mon avis, on aurait pu rétrécir l'histoire juste sur cet aspect, cela aurait été plus adapté aux 4-6ans. le début ne servait qu'en a lui à pas grand chose, hormis de mettre un background au personnage de Clémentine. À mon sens, je ne voyais pas la pertinence de parler autant de Clémentine, si le sujet de base est l'école. On aurait pratiquement pu en faire un autre livre, sur le thème du deuil ou de l'amour.
D'ailleurs, en ce qui concerne Clémentine, je ne suis pas sur d'aimer le message de son amoureux Colin: "Promet moi d'être heureuse et souriante". C'est très délicat comme promesse, parce que ça peut être interprété comme "Je t'interdit de vivre de la tristesse, tu n'as pas le droit de vivre des émotions jugées négatives", ce qui, je pense, est justement un problème dans notre façon de voir la vie. Quand on perd quelqu'un de proche, au contraire, on doit être libre de vivre les émotions qui font parti intégrante du deuil, pour évoluer vers un retours à l'équilibre ensuite. "Il fallait la tenir [ la promesse]": les "il faut", c'est dangereux. Bref, je sais que j'extrapole, mais vous seriez surpris de voir combien les enfants ne sont pas des imbéciles et si on leur enseigne que la vie c'est "il faut à tout prix ne pas vivre de négatif, un sourire collé au visage", on leur met une pression colossale sur les épaules. Et c'est irréaliste de vivre "toujours heureux" de toute manière. Là, c'est l'intervenant social et le psy en moi qui parle.
Je me demande aussi pourquoi il y a eu une si grande répétition du "Il ne pouvait pas parler. C'est un chat". C'est évident, non?
J'ai remarqué aussi les nombreux passages à structure répétitives sur des champs lexicaux ou des groupes de mots: alphabet, océans, formules d'au revoir, ce qui peut être amusant.
Je pense que le message global de cette longue histoire est " Vous, enfants humains, êtes privilégiés d'aller apprendre dans vos écoles". C'est mignon et c'est vrai, évidemment. Surtout quand on sait que des millions d'enfants ne sont pas scolarisés de par le monde. Je pense que c'est l'élément le plus fort de l'album: passer par une tierce personne ( Chat Taigne) qui porte un regard extérieur sur l'école et qui passe par plusieurs domaines et sujets d'apprentissages pour englober les savoirs écoliers.
N'empêche, j'aimerais mieux être ce chat scolaire pour une chose: au moins, il n'es pas ÉVALUÉ! Je me suis souvent dit que le noeud de la guerre pour l'école passe par la motivation, mais surtout, les évaluations, parce que ça crée de la compétition, de la comparaison et surtout, le sentiment d'échec et de moindre valeur. Si jamais vous voulez faire un second opus avec Chat Taigne, madame Hoaru, voilà une idée.
Les dessins sont mignons, mais peu nombreux. J'aime bien le côté "gros coussin" du chat orange. Les tons choisis sont apaisants, dans le nuancier pastel.
Enfin, "Chat Taigne" suit un peu cette idée que les chats sont des animaux avec une certaine intelligence insoupçonnée, comme dans plusieurs oeuvres jeunesse et adulte en format roman. Combien d'histoires ai-je vu où les chats sont présentés comme de potentiels rois du monde et êtres dotés d'une intelligence rivalisant celle des humains! Seulement, la différence ici, c'est que les chats sont là en appuis et nous apporte un peu de leur sagesse.
J'ai aussi remarqué que la maison d'Édition Évidence ( qui semble exclusivement desservir l'Europe, parce que nous n'en avons pas ici au Québec), propose des œuvres à format variés: numérique, dyslexique, malvoyant, braille et audio. Un bon point pour elle!
En somme, un petit album mignon, mais qui aurait pu être plus court, plus illustré et plus spécifique sur son thème, mais qui a le mérite de promouvoir la scolarité.
Pour un lectorat de 4-6 ans ( mais avec assistance professorale ou parentale). Sinon, pour le lectorat du second cycle primaire ( 8-9 ans), pour la lecture seule.
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Créée
le 27 juil. 2021
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