Dans la mort, celle de son père alors qu’il n’était qu’un enfant, et la sienne, manquée, malgré le sang versé, Ryôsuke puise l’envie de s’approprier son existence et de trouver sa place. Embauché sur une étrange petit île pour réaliser des tâches harassantes sous un soleil de plomb, il découvre le quotidien d’une communauté, repliée sur elle-même. Une île pourtant propice à l’introspection, aux découvertes et aux rencontres, désagréables ou extra-ordinaires. Ryôsuke décide alors de réaliser le rêve de son père, une entreprise périlleuse dans un environnement hostile : la fabrication d’un fromage de chèvre unique au monde.
Les déambulations des personnages en direction de la montage, à l’abris d’une végétation luxuriante, à la rencontre des animaux sauvages ; les parties de pêches au levé du soleil, les terrifiantes légendes des grottes côtières, Sukegawa nous raconte une poignante chasse au trésor : la découverte de soi, la quête du sens de son existence.
A l’instar des Délices de Tokyo, le goût des bonnes choses se déploie naturellement au fil des pages, par petites touches. En lisant le rêve de Ryôsuke, le lecteur a comme l’impression d’assister à toutes les étapes de fabrication et de dégustation du fromage de chèvre, plus qu’un simple produit : un art, une philosophie presque !
Roman de l’échec, des tentatives, du découragement mais aussi de l’espoir, une fable sur la vie, humaine et animale.
Un rythme lent, un style sobre et quelques jolies petites trouvailles, douces et mélancoliques. A lire au son des vagues (que l’on aime ou non le fromage).