Ophtalmologue de métier, Claude Durix fut également écrivain spécialiste du Japon notamment du bouddhisme zen. Sa passion pour la culture japonaise l’amène tout naturellement à la pratique des Budo, improprement nommés « Arts martiaux » dans la culture occidentale. Il s’exerça ainsi de nombreuses années, au Kendo, Judo, Aïkido et Iaido qui lui valurent douze grades de ceinture noire. Également moine zen, on lui doit l’introduction de cette discipline au Maroc où il résidait.
C’est avec un ton empreint de passion et d’amour que Claude Durix initie le lecteur au secret de cette discipline assez méconnue, l’iaido. L’iaido est basé sur l’action de dégainer le sabre et de frapper en un seul geste. Mais détrompez vous, cet ouvrage n’est pas un vulgaire manuel strict et rébarbatif de techniques, de katas. Bien au contraire! Alors que l’auteur se charge d’expliquer les différentes phases de l’action de dégainer, couper et rengainer le sabre, il apporte également de nombreuses anecdotes personnelles, d’explications de kanji, de réflexions philosophiques et de digressions historiques qui enrichissent le texte et lui donne une dimension « romanesque » et passionnante.
Ainsi, en autres, Claude Durix se lance dans le récit des 47 ronin, de tranches de vie de Musashi Miyamoto (célèbre samouraï auquel on doit Le traité des cinq roues). Il relate des rencontres importantes qu’il a fait au cours de sa vie lors de ses déplacements au Japon et qui ont fait de lui ce qu’il est devenu (moine zen notamment) et lui ont permis de comprendre la nature profonde des japonais. Toutes ces digressions ont pour but d’illustrer la philosophie qui se dégage de la pratique de l’Iaido: chaque fait relaté est véritablement important pour comprendre comment dégainer, brandir, couper, secouer le sang, et rengainer. On y découvre de nombreuses facettes du Japon, notamment les comportements, les mentalités, la philosophie de vie et les traditions et de ce peuple très différent de l’Occident. C’est drôle, poétique, mystique, juste. J’ai particulièrement apprécié la longue réflexion sur la mort (notamment au travers de la mort volontaire de Yukio Mishima, célèbre écrivain connu pour Le pavillon d’or).
Plus qu’un ouvrage sur l’Iaido, le sabre et la vie est une véritable leçon de vie. L’auteur montre que cette discipline doit être appréhendée non pas comme un simple exercice purement technique mais bien comme un instrument permettant d’atteindre une vraie philosophie de vie, où le corps et l’esprit ne doivent plus faire qu’un, où le pratiquant doit atteindre l’unité de l’Être. Le sabre et la vie est un ouvrage véritablement passionnant pour tout ceux qui s’intéresse au Iaido ou au sabre tout simplement, et à la culture japonaise. Claude Durix a réussi à ouvrir cette discipline, qui peut paraître mystérieuse et austère, au plus grand nombre en proposant une œuvre remplie d’émotion et de sens.