Premier roman d'un auteur américain, récent dans le paysage littéraire anglo-saxon, Le Sang des Ambrose tente de se frayer un chemin au milieu des productions formatés qui pullulent, d'un genre en pleine explosion depuis quelques années : l'Héroic-Fantasy.
Sur les Terres de Laent, le statut de l'Empire d'Ontil est politiquement précaire !
Le dernier empereur est mort de façon suspecte, et son successeur légitime Lathmar VII, roi des Deux-Cités, est bien trop jeune pour monter sur le trône. En outre, son oncle Urdhven, qui possède le titre de Protecteur du roi, s'est formé une milice privée, et noyaute le pouvoir par la purge progressive de l'entourage et des alliés du jeune roi.
Ne reste pour le jeune Lathmar que le soutien de la puissante Viviana Ambrosia. Celle qu'il appelle sa Grand-Mère est en fait l'aïeule de toute sa famille, une immortelle bossue à l'origine même de la dynastie qui règne sur l'Empire d'Ontil.
Le rapport de force lui étant défavorable, Lathmar s'attend sous peu à subir le sort de ses proches, sauf si Morlock Ambrosius, le frère immortel et bossu de Viviana, le plus grand Maître-Faiseur de tout Laent, accepte de rentrer dans la bataille.
Le sang des Ambrose est un roman complexe, dans le sens où au début on ne sait pas trop où l'auteur veut nous emmener. Le propos est à l'intrigue de palais, et il ne faudra pas moins d'un Chapitre (sur cinq) pour que l'on passe à un récit totalement différent. James ENGE va distiller toute son intrigue oppressante, mettre en place tous les éléments de lieu et les personnages jusqu'à la révélation finale avec une rare efficacité ; ce qui m'a emmené à me dire : « ah...mais c'est pour ça qu'il a écrit ça ».
James Enge livre avec ce roman une œuvre atypique de Fantasy, s'affranchissant sans complexe des codes habituels du genre (ceux de Tolkien notamment), en nous offrant par exemple une idée toute personnelle de ce qu'est la magie. L'univers qu'il a créé est tangible et bien construit, sans se diluer dans des tonnes de pages de descriptions rébarbatives, ou des références à des annexes sans fin. Il faut en outre savoir que les personnages de la Famille Ambrosuis ont eu le temps d'être bien étoffés dans des nouvelles qu'il a écrit depuis 2005. Tout est écrit (traduit ?) dans une langue agréable et un style simple et efficace, le tout avec un humour des plus rafraîchissants dans cet univers complexe et sombre.
Rien n'est laissé au hasard, et l'on distingue chez cet auteur un sens aigu de la mise en scène (et de l'ellipse).
Un livre fort agréable, une Fantasy sombre atypique, un auteur à suivre.