Le théâtre quantique par dvanw
Qu'est-ce que c'est que ce truc ? C'est sans doute pas loin d'être le pire roman que j'aie lu de ma vie... Personnages inexistants, intrigue bâclée, clichés désolants à (presque) toutes les pages... Comment un tel machin a-t-il pu se retrouver imprimé pour de vrai ?
C'est un peu ce que pourrait se demander un lecteur qui ne saurait pas que Alain Connes est un immense mathématicien français, médaille Fields, membre éminent de l'Institut des hautes études scientifiques...
C'est bien pour ça que moi (et sans doute quelques centaines d'autres malheureux cobayes) se seront emparés de l'objet dans les rayons de leur librairie préférée... Avant de très vite déchanter.
C'est donc un pseudo-polar qui se passe au CERN et dont l'intrigue, épaisse comme le boson de Higgs, est censée "permettre au lecteur de pénétrer au cœur du théâtre quantique"... Du coup, on a droit à un lexique qui vous explique les termes compliqués : si, par exemple, vous pensiez comprendre un peu des termes comme "observable", un coup d'oeil au lexique suffira à vous montrer que vous n'avez rien compris du tout. Par contre vous apprendrez avec bonheur qu'une "app" est une petite application destinée aux smartphones...
Merci M. Connes ! La physique quantique, c'est tellement simple quand on l'explique clairement !
Bon, on a bien compris que c'est censé être une distraction, une diversion, un détour amusant vers le genre mineur du roman policier, entre deux conjectures de géométrie différentielle... Mais n'est pas Lewis Carrol ou même Cédric Villani qui veut ! Et ça n'est pas parce qu'on est un mathématicien d'envergure qu'on est capable d'écrire. Même un polar !
Non, on comprend bien qu'un éditeur ait eu du mal à refuser un livre à un Monsieur aussi respectable (assisté de Madame et de son ancien prof de Normale), mais ce qui agace tout de même, c'est l'étonnant mépris que ça démontre envers la littérature...
Parce que, quantique ou pas quantique, la littérature, la narration, ça a quand même quelques règles ; ça nécessite un minimum de savoir-faire ou au moins une certaine quantité d'efforts, si on veut dépasser le stade du devoir de vacances bâclé.
Ce n'est pas le cas ici, et ça aurait été précisément le travail d'un éditeur que de le faire poliment comprendre à son auguste auteur, avant qu'il ne s'étale (dans les deux sens du mot) dans les rayons de nos libraires.