Ils s’aiment et sont inséparables. Il a le poil blanc, elle a la fourrure fauve. « Ils creusent un sentier sous le sol. L’un et l’autre, ensemble. Ils tracent leur route ». Jour et nuit ils avancent dans l’obscurité. Parfois ils sortent et gagnent la forêt. Pour manger et boire, fuir un danger, trouver une nouvelle cachette, faire leur toilette. Sous terre ils sont davantage en sécurité. Dehors la grande route les hypnotise. Mais jamais ils ne s’élanceront pour la franchir. Ils se souviennent du chat, de l’écureuil et du renard étendus sur le bitume. Alors ils continuent de creuser, côte à côte. Car rien n’est plus important que rester ensemble quand on s’aime.
Une histoire digne d’une fable, où la sagesse se conjugue à un soupçon de mélancolie. Un couple de lapins qui avance malgré les embûches, trace son chemin au cœur d’un monde hostile et affronte les dangers main dans la main, enfin patte dans la patte. Tout à leur travail, ils discutent, parlent des atouts et handicaps des lièvres par rapport à eux (ils courent plus vite mais creusent moins bien) ou encore des raisons qui les poussent à construire un tunnel sans fin.
Je trouve les illustrations, épurées à l’extrême, d’une grande puissance. Sobriété des images, poésie d’un texte tout en délicatesse et profondeur d’un propos quasi philosophique, il n’en fallait pas pour que je tombe sous le charme de cet album aussi somptueux qu'inclassable.