Dans tous les sens
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
31 j'aime
8
Je tiens Leonard Cohen en très haute estime, sans quoi je n’aurais probablement pas ouvert le livre de Colin Irwin. Le problème, c’est que sans être un grand connaisseur de Cohen, je n’ai rien appris en le lisant.
Il faut dire qu’en terme de contenu, l’ensemble est très léger : l’auteur parvient à passer presque sous silence deux caractéristiques de Cohen – son statut de poète et d’écrivain, sa judéité – qui me paraissent pourtant incontournables. Aux analyses, même embryonnaires, il a préféré les anecdotes plus ou moins connues et qui sont peut-être des apophtegmes – la conversation avec Bob Dylan sur la durée d’écriture d’une chanson, les tensions avec Phil Spector pendant l’enregistrement de Death of a Ladies’ Man…
D’autre part, peut-être parce qu’il est avant tout journaliste musical, Colin Irwin sacrifie parfois la véracité sur l’autel du bon mot : l’idée qu’en termes de voix, « Cohen faisait ressembler Bob Dylan à Mariah Carey » (p. 20) peut être démentie par l’écoute de n’importe quel vers de n’importe quel morceau des albums de Dylan Good As I Been to You (1992) ou World Gone Wrong (1993) – je ne dis pas cela pour hiérarchiser Cohen et Dylan ou pour déplorer que ce dernier ne fût pas un chanteur à voix.
Quant à la structure de ce Leonard Cohen, on la chercherait en vain : ni vraiment thématique, ni vraiment chronologique, elle n’empêche ni la légèreté, ni un certain nombre de redondances. Et le livre atteindrait difficilement les quinze pages sans les photographies, dont certaines sont au demeurant plutôt réussies. Dommage qu’elles ne soient pas légendées : là encore, il y a dans l’ouvrage quelques chose de trop superficiel pour rester dans une bibliothèque.
On gagnera plutôt à lire A Broken Hallelujah de Liel Leibovitz, plus documenté, plus riche et plus beau.
Créée
le 11 mars 2019
Critique lue 51 fois
Du même critique
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
31 j'aime
8
Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...
Par
le 12 nov. 2021
21 j'aime
Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...
Par
le 4 avr. 2018
21 j'aime