De la philosophie de comptoir en à peine mieux écrit.

Le livre qui changera votre vie n'existe pas, mais on trouve toujours des romanciers qui sont persuadés qu'ils vont l'écrire. Ici, le cas Laurent Gounelle.



Merci Maman (critique qui spoile pas la fin) :



Le livre commence par une dédicace de l'auteur envers son père. C'est bien d'aimer ses parents, moi, j'aime ma mère, c'est elle qui m'a offert le livre.


J'ai ensuite lu la première page. C'était mal écrit avec une surabondance de métaphores. J'ai commencé à beaucoup moins aimer ma mère sur le coup.


Bref, que raconte ce livre ? En gros, Laurent Gounelle veut changer notre vie avec son livre et au lieu d'écrire un livre du style "Vous POUVEZ changer votre vie (en 100 jours)" ou "1001 trucs pour trouver LE BONHEUR" il décide de décliner sa méthode pour vivre mieux sous forme d'un roman. Après tout, c'est une méthode comme une autre.


Il prend donc un personnage assez lisse, Alan, peu à l'aise dans son monde et sans but précis. Il n'a aucune famille, aucune difficulté d'argent, aucun ami, aucune passion et aucun envies sexuelles (sa copine l'a plaqué sans explications.) Bref, le personnage le plus creux possible (sa seule particularité : il a passé son enfance aux USA) afin que le lecteur s'identifie à lui.


Afin de prodiguer les conseils, il invente un substitut, un certain Yvan Dubreuil, sorte de figure protectrice et étrange qui donne à Alan des sortes de missions totalement étranges auquel Alan devra se soumettre. Derrière ces missions, des conseils destinés au lecteur pour qu'il prenne confiance en lui, des trucs qui mangent pas de pain mais peuvent effectivement faire réfléchir quelqu'un à comment se prendre en main.


Le problème, c'est que comme Laurent Gounelle ne sait pas écrire des personnages ou des situations suffisamment crédibles, ses conseils tombent à plat. Ce qui m'a le plus frappé c'est le chapitre où l'on pousse le héros à "faire de l'autostop." C'est une super bonne idée ! Pour en avoir fait l'expérience personnelle, faire de l'auto-stop en Provence, à 700 bornes de chez moi, fut quelque chose d'enrichissant, qui m'a forcé à puiser la force d'aller voir les autres, de se débrouiller dans un milieu inconnu et m'a apporté des rencontres et de découvertes fabuleuses. J'ai découvert qu'au fond, les gens sont plus gentils que je ne le pensais.


Or, chez Gounelle, le personnage tombe forcément sur :
1) Des vieux ivrognes dans un bar.
2) Un apiculteur ignorant, grognon, fan de télé réalité et ivrogne.
3) Un policier persuadé qu'il trouvera l'énigme du siècle en interrogeant les voyageurs sans billets.
Le personnage s'en tire par des pirouettes impossibles. C'est tellement irréel, faussement léger qu'au fond, ça n'apporte pas grand chose au lecteur.


Le livre raconte en plus une vie d'entreprise totalement caricaturale (avec un patron qui explique à ses employés les magouilles qu'il est en train de faire sans se douter que personne n'ira le dénoncer... ne serait-ce que par soucis éthique ou pour le doubler) et part sur une enquête qui se laisse suivre, mais sent la métaphore à plein nez ! (Je mets ça en spoiler 1.) La fin du roman est tellement mauvaise que ça m'a rappelé l'unique fois où j'ai lu du Marc Lévi. J'ai pas pu m'empêcher de dire "C'EST NUL" à voix haute tout en le lisant. (Je le mets aussi en spoiler 2.)


Le roman a tout de même une qualité, comme c'est léger et peu crédible, ça se laisse lire sans soucis. Pas besoin d'effort: en à peine quelques voyages en bus et métros, j'ai dévoré les 475 pages du bousin en une semaine (mais c'était écrit gros.) De plus, le livre donne des conseils assez intéressants sur comment tenir une discussion en public comme en privée et argumenter sans s'énerver. C'est chouette, ça va m'aider pour expliquer à ma mère que j'ai pas aimé du tout son cadeau de Noël !



Les Spoilers :



Sur le propos vraiment prétentieux du livre :


Le livre parle de Lacan qui aurait été jaloux d'un psychologue qui réussissait à changer la vie de ses patients en quelques jours. Le psychologue en question, c'est Yvan Dubreuil et comme les conseils de Dubreuil sont ceux de Gounelle, vous la sentez venir la grosse métaphore ? Grâce aux bouquins de Gounelle, pas besoin de psychanalyse durant des années : suffit juste de s'entrainer à dire merde à la boulangère, à dialoguer avec ta voisine du dessous et à dénoncer les abus de ton patron et tous tes problèmes sont réglés !!


Mais à la fin, c'est encore PIRE :


Le père d'Alan en fait.... c'est Dubreuil, mais il l'a appris le lendemain de sa mort. Et c'est lui qui a poussé sa copine à rompre le temps de la "thérapie", en fait, elle l'aime toujours. Fin du conflit sexuel du personnage qui retrouve le bonheur d'un coup de baguette magique improbable et peut vivre sa vie sans conflit eodipien, son père étant devenu un fantôme bienveillant.


Pas sûr que votre vie aille mieux après avoir lu ce livre.

le-mad-dog
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le 11 janv. 2014

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Mad Dog

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