Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'éditeur Omnibus a commis une bourde énorme en inversant dans son intégrale les tomes 5 et 6 de la saga familiale. Ce dont je me suis rendue compte... en commençant le tome 6 qui me ramenait brusquement quatre ans en arrière dans la narration. Mais passons cette gaffe éditoriale difficilement excusable pour nous concentrer sur "Les frères Whiteoak".
Comme son titre l'indique, un focus particulier est fait sur la grande fratrie née des deux mariages de Philippe Whiteoak, fille puîné d'Adeline, la matriarche de Jalna. Une fille et cinq garçons, de trente-sept à sept ans, vivant dans la même maison presque séculaire, voilà de quoi occuper le lecteur ! Sans compte deux oncles, une tante, une invitée et, bien sûr, ladite grand-mère qui, à quatre-vingt dix-huit ans, perd un peu la boule.
Si le plaisir habituel de voir évoluer les personnages auxquels on s'est attaché au fil des tomes reste intact, j'ai trouvé que le rythme souffrait quelque peu de l'enfermement de l'action dans la belle demeure. La nature canadienne, superbement décrite et qui caractérise l'oeuvre tout entière, est en effet en retrait dans "Les frères Whiteoak" au profit d'une histoire de spéculation sur des valeurs minières qui sent le roussi dès le début et n'entretient donc pas de grand suspense, hormis pour les personnages ; le lecteur, quant à lui, est plutôt dans la posture d'un spectateur impuissant qui comprend que la ruine est inévitable. Ce rôle passif nuit au récit mais l'addiction étant déjà bien ancrée, il est tout à fait impossible de s'arrêter en chemin.
A noter toutefois quelques beaux développements sur les tourments émotionnels de l'adolescence et sur l'émancipation de la femme des années 20.
En route pour le prochain tome et pour un voyage dans le passé donc, ce qui enlèvera sans doute pas mal de saveur à la lecture, je le crains. Je ne remercie pas Omnibus !