Si l’autrice diagnostique très bien les effets mauvais du monde contemporain tels que vécus habituellement par chacun dans le premier tiers du livre, celle-ci ne semble pas trouver de solution structurelle. Or je puis en voir au moins deux : privilégier dans le commerce quotidien les transactions ne nourrissant pas les dictatures atroces de l’autre bout du monde ni les exploitations semi-esclavagistes, et ne pas détruire la nature nous environnant directement.
Ainsi donc, lorsque j’avais lu cet ouvrage, Cynthia Fleury ne m’avait pas paru faire preuve du courage d’écrivains tels que Victor Hugo qui osaient mettre en perspective les problèmes structurels de leur époque. En cela, Cynthia Fleury ne m’avait que peu semblé faire preuve du courage dont elle enjoignait le lecteur de se saisir.
Plutôt que des néologismes globalement peu utiles, peut-être qu’une thèse non diluée par une antithèse sans réel fondement eut été plus utile. Car la finalité d’un tel livre, globalement lu par des personnes en quête d’une meilleure vie, sera d’accabler ces-dernières.
Or il ne me semble pas que le fait d’endurer une situation pesante sur l’esprit et sur le corps soit en général préférable au fait de tenter d’y remédier en profondeur. Le concept d’amor fati de Nietzsche contraint les hommes à la souffrance et leur fait cesser leurs quêtes (être heureux, aimer, parcourir le monde, réaliser des films…). Or c’est peu ou prou cette idée que Cynthia Fleury prône en solution. Le quart d’heure d’art quotidien permettrait à celle ou celui écrasé par son environnement et son travail de s’en sortir. Et bien non. A grands problèmes, il faut de grandes solutions.
Je n’oppose donc à cette idée générale qu’un désaccord et mets en garde d’éventuels lecteurs contre le sentiment d’accablement qu’ils pourraient éprouver et qu’ils n’ont nul besoin de s’infliger.