Les Mythes de Platon, c'est un recueil d’extraits des plus grands mythes de Platon, divisé en quatre parties : Aux origines des cités, Des vies humaines, La beauté et les amours, Les âmes des morts. Une anthologie intéressante, instructive, qui permet d'approcher une facette souvent méconnue des Dialogues ; car en effet, les Dialogues de Platon, ce n'est pas seulement un pseudo-échange d'idées pendant lequel Socrate monologue et son "interlocuteur" l'écoute en ponctuant son discours de "Tout à fait", "Comment pourrait-il en être autrement ?", "Evidemment Socrate, tu es vraiment trop génial et moi je suis le dernier des crétins" avant de s'incliner devant la maïeutique du premier philosophe. Eh non, je sais bien qu'on dirait que c'est le cas, mais parfois, lorsqu'on se retrouve face à une aporie notamment, Soso ou le benêt qui lui fait face raconte un mythe, de façon plus ou moins développée, pour rebondir dessus dans les arguments suivants.

Et ça donne des choses intéressantes : quand aporie il y a certes, mais aussi pour structurer le dialogue, lui donner une plus grande complexité/variété. Platon, d'ailleurs, ne fait pas que répéter des mythes ancestraux - il en crée. Platon, artiste ? Paradoxe pour un homme qui voulait exclure ceux-ci de sa cité idéale. Le dernier, surtout, témoigne d'un talent, d'une imagination presque pittoresque.
On trouve dans ces mythes beaucoup de traits communs : dans les thèmes tout d'abord, comme nous l'annoncent les titres des parties ; mais aussi dans les conceptions de l'homme par exemple, réduit à une marionnette qui vit en troupeau, décadente et incapable d’atteindre les réalités intelligibles.
On peut noter en outre combien certains mythes, vieux de centaines voire de milliers d'années, restent vivaces, ainsi le mythe de l'Atlantide, qui donna lieu à un film de facture... hum... bref.

Bref, tout cela est très bien, mais et l'appareil critique dans tout ça ? Pas de notes, rien qui nous éclaire sur les nuances et subtilités du texte, tout juste une mise en bouche de trois lignes et quelques pages à la fin. Le concept est toutefois intéressant, et l'introduction, heureusement, pallie en partie le manque d'explications du recueil, soulevant des points souvent oubliés de l’œuvre platonicienne.

Cette anthologie n'est pas la première du genre ; mais elle a le mérite d'être facile à lire, parfois surprenante voire drôle, et peut être un outil sur lequel s'appuyer quand on a déjà, initialement, une connaissance un peu sûre des Dialogues de Platon.
Eggdoll
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le 28 juil. 2012

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le 28 juil. 2012

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