Quatrième volume des nouvelles de Jean-Claude Dunyach, « Les nageurs de sable » rassemble sept nouvelles dont une seule inédite. La perception du monde est propre à chaque individu. Que ce soit l'œil de l'artiste ou celui de l'exilé, il y verra toujours quelque chose qui lui est personnel. C'est cette vision qu'explore la plupart des textes du présent recueil.

Ainsi, dans « Les nageurs de sable », Jean-Claude Dunyach nous emmène sur un monde très éloigné de la terre. Une flotte entière s'y est fixée il y a quelques années quand, à bout de signal terrestre, ils préférèrent ce monde ingrat d'aspect avec sa mer minuscule et ses déserts de sable à perte de vue aux immensités galactiques où ils ne feraient que se perdre plus encore. Trois enfants font partie des survivants. Eux n'ont jamais connu d'autres mondes que celui-là, alors le mythe de la terre les touche moins que la plupart des adultes. Belle métaphore sur les sentiments de l'immigré et des générations qui le suivent. Les uns préfèrent s'intégrer là où ont toujours vécu, d'autres espèrent dans le pays de leurs racines et enfin les troisièmes ne savent que choisirent. Mais ce choix est-il si important et indispensable ? Fait-il sens à ce que les gens sont réellement, tout au fond d'eux-mêmes ?

Et puis il y a le regard de l'artiste. Son œuvre est décrite à l'image d'un catalogue pour une exposition temporaire dans « Détails de l'exposition » et elle a la particularité de traiter d'un art qui nous est inconnu. En fait l'artiste créé des œuvres faites de temps. Mais pas n'importe quel temps. Il saisit les derniers instants des êtres et de préférence, il opte pour les démonstrations de mort violente tel le suicide ou le meurtre. Il réussit même à capturer les derniers instants d'un certain Kennedy. Alors, voyeurisme ou vol historique ?

« L'orchidée de la nuit » se déroule dans le Toulouse que connaît si bien Jean-Claude Dunyach, mais un siècle plus tôt. Quand l'assistant du professeur Picard est retrouvé assassiné, il n'hésite pas à faire appel à son ami Conan Doyle qui ne peut se déplacer avec leur ami commun qui aurait, à force de détails insignifiants, résolu l'énigme. Mais le professeur Challenger qui accompagne Sir Arthur n'est pas inutile dans cette enquête, malgré son sale caractère. A cette évocation – certes talentueuse – d'une œuvre qu'on pense mineure de Conan Doyle, on préférera la vision qu'en offre le superbe roman de Thomas Day intitulé « L'instinct de l'équarisseur ».

L'homme doit, du fait de sa profession très particulière, sillonner le monde. Le plus simple, à notre époque est de prendre l'avion. Il pourrait se contenter de simplement y transiter mais la vie des aéroports l'a toujours passionné. Sans ce regard, il n'aurait jamais remarqué la femme. Mais comment se fait-il qu'elle, qui n'est pas une voyageuse comme lui, puisse se retrouver aussi souvent sur sa route aux quatre coins du monde ? Le secret se trouve dans « Flying romani's ».

« L'automne de la cathédrale » est une ode aux bâtisseurs des temps anciens et a leur terrible secret. Une autre courte nouvelle la suit, elle nous conte l'irrésistible ascension d'un grand homme politique chinois, le premier président-clown d'un grand état qui ouvrit la voie à d'autres dans « Cent mille fleurs pour le président Moâ ». Enfin le recueil se conclut « Dans les jardins Médicis » où il revient chaque jour essayer une nouvelle fois de reconquérir celle qui l'a quitté jadis. Il pense qu'il peut y arriver car elle a vendu sa mémoire. Mais sans passé, l'avenir est-il possible ?

Un recueil de bonne facture qui nous est proposé ici mais les textes n'atteignent pas les sommets qu'on reconnaît à Jean-Claude Dunyach. Un bon moment de lecture, honnête, sans plus. Avec une superbe jaquette signée, comme d'habitude, par Gilles Francescano.
Bobkill
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le 14 nov. 2010

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