Le narrateur des Nouvelles Métropoles du désir assiste à l’agression d’un hipster par trois adolescentes de banlieue. La curiosité le pousse à suivre la victime au Dark Rihanna, bar lounge de centre-ville où elle s’est réfugiée. Comme il ne peut pas s’y asseoir « comme dans un bar des livres de Simenon, c’est-à-dire sans penser à autre chose qu’à [s]’asseoir dans un bar pour boire une bière » (p. 18), le voilà bientôt en pleine observation. L’observation se mêle d’analyses. Un thème du récit pourrait être – il est évident que ce n’est pas très glamour – la diversité des pratiques culturelles et ses conséquences dans les sociétés postindustrielles.
Comme dans la plupart de ses livres précédents, Éric Chauvier mêle anthropologie et littérature, en plaquant sur celle-ci des embryons d’outils conceptuels utilisés dans celle-là et enrichissant la première par la seconde. Et on trouve dans les Nouvelles Métropoles du désir, en plus de la critique – plus ou moins explicite – du milieu bobo qui était à l’origine de Contre Télérama, l’exploration de l’urbanité postindustrielle, la question de l’incommunicabilité entre individus ou encore – quoique moins envahissante que dans Anthropologie – la mise en scène de la figure de l’enquêteur.
Du coup, si le propos suscite la réflexion (« L’art de la vie culturelle du centre-ville semble être de réaffecter les codes familiers de ces films et chansons mainstream, et, par là, de les déclasser. », p. 23-4, ou encore « lorsqu’il est partagé, le pressentiment des limbes relie plus sûrement les individus que n’importe quelle vie apparemment positive », p. 33), en particulier dans les dernières pages, c’est-à-dire au moment de tirer les conclusions, le récit donne parfois l’impression de tourner en rond. C’est moins fort que les Mots sans les choses, et pas particulièrement riche littérairement. Si je devais recommander un livre d’Éric Chauvier à quelqu’un qui n’ait rien lu de lui, ce ne serait pas les Nouvelles Métropoles du désir – alors que le titre lui-même est génial.

Alcofribas
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le 29 oct. 2016

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