La République du Viétongo, pays imaginaire qui ressemble au Congo natal d’Alain Mabanckou, est minée par l’affrontement entre Nordistes et Sudistes. Le régime du président Lebou Kabouya, d’origine Sudiste, vient d’être renversé par un coup d’état des Nordistes. Le chef rebelle sudiste, qui utilise le nom et la mythologie, tronquée de sa défaite finale, du héros de la Gaule, résiste au nouveau régime avec ses partisans, les petits-fils nègres de Vercingétorix.

Sans légèreté ni truculence, la sobriété de ce troisième roman d’Alain Mabanckou, publié en 2002, souligne la violence, et les dégâts combinés de la colonisation et des luttes tribales.

Sous la forme du manuscrit d’Hortense Iloki, en chapitres très brefs, le roman retrace par flashbacks l’histoire de cette femme, originaire du Nord et mariée à un homme du Sud, un professeur cultivé devenu après le coup d’état un fervent partisan de Vercingétorix. Face au danger qui enfle, elle va s’enfuir à pied, en compagnie de sa fille Maribé, de leur village de Batalélé, dans le Sud du pays.

La barbarie du nettoyage ethnique se dévoile peu à peu, dans un récit bouleversant aux accents de Coetzee (En attendant les barbares), une histoire ponctuée d’un hommage à la littérature, qui n’est malheureusement pas un obstacle à la sauvagerie.

«Que faire ? Ne craignez pas les bombardements que le pouvoir promet. Les Nordistes ont peur de traverser le barrage de Moukoukoulou. Cette région est pour eux ce que Diên Biên Phu a été pour la France. Nous connaissons mieux notre contrée, ses lacs, ses marécages ; nous saurons comment surprendre les assaillants en appliquant les ruses de Vercingétorix contre Jules César. Je dis que nous sommes tous des Petits-fils nègres de Vercingetorix ! La victoire nous attend. Nous serons invincibles, mystiques et puissants. Nos morts lèveront des tombes avec des sagaies plus rapides que des missiles. Les arbres marcheront dans la nuit, flagellant avec leurs branches révoltées le visage de nos ennemis. Et des profondeurs des rivières jailliront des monstres à douze têtes, des mambas verts et des reptiles gros comme le tronc d’un baobab…»
MarianneL
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le 21 juin 2013

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