Curieux ce bouquin !
Déjà, critiquer les antisémites quand on s'appelle Darien, c'est cocasse (non pas que je veuille absolument associer ces gens aux nazis, mais quand même, on y a tous pensé) !
Ensuite, ben, le ton est donné : l'auteur est extraordinairement doué pour trouver des insultes, toutes différentes, aussi nombreuses soient-elles. C'est tellement engagé qu'on se demande même à un moment si ce n'est pas réellement anti-juif, même si l'auteur précise que son Ogre est un idiot. Disons que c'est ce Vendredeuil qui est ambigu mais qui fait toute la beauté du bouquin : on a du mal à situer ses convictions politiques. Mais c'est bien foutu.
Enfin, ce qui surprendra vraiment, c'est la tournure du bouquin : après 70 pages à ne faire qu'insulter l'Ogre, on suit un autre personnage qui va connaître deux remises en question : doit-il tomber amoureux d'abord, doit-il se vendre et rédiger un livre antisémitique (surtout qu'apparemment il est doué pour ça, malgré lui). Ces enjeux arrivent tardivement, tellement tardivement qu'on a de cesse de se demander quand l'Ogre, qui a occupé la moitié du bouquin, va réapparaître?
Ceci à part, c'est plutôt agréable à lire. Bon, quelques phrases trop longues, dont la construction alambiquée font hésiter sur le moment de reprendre son souffle, mais pour le reste, c'est à lire, à voix haute et forte. Les mots sont bien choisis, quel vocabulaire ! Beaucoup de mots que je ne connaissais pas mais on en devine facilement le sens, de par leur étymologie mais aussi parce que le contexte de leur utilisation ne laisse pas trop de doute (on n'en devine peut-être pas le sens précis, mais on sait vers quoi ça va).
Bref, que voilà un bouquin intéressant mais particulier.