L’histoire fictive de deux jeunes meilleures amies innocentes et toujours emplies d’espoir entrecoupée par de vrais, crus et surtout insoutenables récits de prostituées. L’œuvre de Chahdortt Djavann n’est pas utile, elle est nécessaire.
Pas de métaphores, pas de détours, ici on parle de « bites », de « putes », de « sucer des queues », paradoxalement sans une once de vulgarité ; une écriture efficace qui nous achève. Au plus profond de l’intimité des prostituées, le lecteur n’a pas d’autre choix que de se confronter à une terrible factualité. Bien qu’un minimum averti sur le sujet, on ne peut qu’interroger plus encore l’image de la femme et ses répercussions dans des domaines comme la religion ou la pornographie (deux réalités concrètes qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre, mais qui n’en demeurent pas moins influentes). Au-delà des frontières, la question des regards souvent hypocrites d’un gouvernement et d’une population sur les prostituées est largement abordée. L'Iran semble atteindre un sommet d'hypocrisie avec les gardiens de la morale.
Djavann porte la voix de ces prostituées fouettées, lapidées, pendues. Plus que des témoignages, plus qu’un hommage, c’est une dignité jamais connue qu’elle leur offre. Ce livre ne permet pas de comprendre une vérité que l'on voudrait ineffable, mais simplement de savoir.
“Savoir pour prévoir, afin de pouvoir” (Auguste Comte).