Les Quatre Hollandais par Pelomar
Somerset Maugham est un écrivain de talent, et un nouvelliste de génie. Ses histoires sont simples, à la première personne, mettent souvent en scène des hommes lâches et des femmes amoureuses, et restent étonnamment variés malgré une unité de thème et d'ambiance assez impressionnante.
"Les quatre hollandais" est à la fois le titre d'une de ses histoires courtes et celui de ce recueil de nouvelles qui regroupe une trentaine d'histoires de cet auteur phare des années 20-30. Je passerai sur cette habitude exaspérante de l'édition française de prendre le nom de la première nouvelle pour en faire celui du livre, sans préciser nulle part sur la couverture qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles, de quelle façon les nouvelles ont été regroupés (thème particuliers ? Œuvres complètes ? Pif paf plouf ?) et pourquoi.
En l’occurrence, il ne s'agit pas d'une intégrale de nouvelles, et la plupart des histoires se passent dans les anciennes colonies britanniques en Asie (mais pas toutes, quelques nouvelles merveilleuses se passent en Italie, une fantastique en Guyane française, d’autres en Angleterre). On a du coup une prépondérance de personnages de britanniques ayant passé leurs vies hors de Grande-Bretagne, que cela soit traité de manière tragique et déprimante (souvent) ou amusante (moins souvent).
Je dis « tragique », mais je dis de la merde. Maugham n’est jamais vraiment tragique ni déprimant. C’est beaucoup plus léger, moins grandiloquent et plus humain, et du coup diablement plus efficace. C’est court, avec des personnages peints de manière grandiose, et je me suis très souvent repris à repenser à ces histoires longtemps après les avoir lu. Les personnages écrits par Maugham sont en même temps banals et extrêmement mémorables, et c’est sans doute l’intérêt majeur de ces nouvelles.
C’est un livre à garder tout le temps près de soi, pour en lire une histoire de temps en temps comme on déguste un verre d’un excellent vin (s’enfiler la bouteille en une fois serait du gâchis).