Certitudes rares et fragiles
Pas spécialiste de la préhistoire, d’où justement cette lecture, je ne discuterai pas ici les thèses des "Religions de la préhistoire". Elles cassent — c’est l’objet de la première partie — un ensemble de croyances répandues sur les religions de la préhistoire, pseudo-conclusions de scientifiques généralement de bonne volonté qui en apprennent plus sur eux que sur elles. Disons que l’ouvrage me paraît convaincant par son humilité : admettre une incertitude quasi-générale est une petite souffrance qui donne toujours plus de poids aux certitudes, aussi rares et fragiles soient-elles. (Précisons que les incertitudes concernent l’analyse : les faits eux-même sont exposés avec autant de précision que possible.) Il me semble que le travail de Leroi-Gourhan, depuis sa parution en 1964, a été remis en cause sur certains points mais qu’il reste une référence.
Et puis, ce n’est jamais désagréable de lire un documentaire écrit avec un certain style, parfois un peu désuet mais toujours précis et fluide : Leroi-Gourhan, comme un Jean Bottéro, par exemple, à qui on peut faire le même éloge, est d’une génération de scientifiques et d’historiens qui savaient aussi écrire.