J'aime beaucoup les couvertures Zulma -signées David Pearson-, un peu moins certaines qui peuvent irriter mes yeux, mais celle-ci est particulièrement réussie, sans doute, pour moi, l'une des plus belles de la maison d'édition. Mais arrivons au sujet qui nous intéresse, ce roman de Einar Már Guðmundsson, écrit en 2012. Sa lecture est assez déroutante surtout, si comme moi, vous êtes vite perdus dans une accumulation de personnages. Le romancier construit son histoire en retours en arrière et avancées rapides, il nomme ses héros quasiment à toutes les phrases, et croyez-moi, les noms islandais, ce n'est pas évident à prononcer ni à lire : Arnfinnur, Ástvaldur, Haraldur, Gunnar, Ingólfur, ... et là, je ne mets volontairement que les plus faciles, les prénoms, pas les noms de famille ni ceux des lieux. Ceci étant dit, il fait bien de le renommer souvent, car à chaque fois, d'une courte description, il replace chacun dans sa lignée, si bien que je ne suis pas tant perdu que cela et que je me suis repéré assez aisément dans les époques et les familles. mais ce procédé a un défaut, celui de la répétition et donc de longueurs un peu lassantes. Néanmoins, le pli pris, j'ai pu passer outre et apprécier cette critique à peine masquée de la société et de la politique islandaises. Critique très largement applicable à d'autres pays. Einar Már Guðmundsson sait être léger et drôle tout en étant lucide et profond. J'ai appris pas mal sur l'Islande et ses traditions tout en me distrayant. Son roman que l'on pourrait qualifier de saga n'est pas construit linéairement comme souvent dans le genre, ce qui, si j'oublie les longueurs évoquées plus haut, rend son livre plus original, plus barré. Ajoutons qu'il peut être lu comme une simple saga, mais ce serait dommage de se priver de la part critique évidente et claire, bien menée, finement et intelligemment, Einar Már Guðmundsson ne se contente pas de dire, les politiques sont tous des nuls ou des pourris.
Une très belle découverte, à tous les niveaux, puisque au risque de me répéter -mais j'ai l'habitude- cette couverture est magnifique !