Ou bien : Tangavík, ton univers (im)pitoyaaaable!
Dès que l'on ouvre le livre, un narrateur, dans une salle de classe à Reykjavik, raconte au lecteur la grande saga familiale de la famille Knudsen sur plusieurs générations et dont l'enseignant arrivant est issu. Une saga d'une famille entre terre et mer, entre travail et pouvoir, entre les bons bosseurs et les pires branleurs opportunistes, entre banquiers et poètes, dans la ville de pêche de Tangavík et un peu ailleurs.
La lecture nécessite une multitude d'acrobaties temporelles entre les branches de l'arbre généalogique, ce qui s'avère être un casse-tête avec sa palette de personnages à retenir, rendant la ramure vaste et complexe. C'est bien simple, il vaut mieux éviter de boire avant d'ouvrir ce livre afin d'avoir une acuité mémorielle infaillible et ne pas écouter de musique à côté pour une meilleure concentration.
En parlant de boire, le livre donne l'impression que dans chaque Islandais, à n'importe quelle échelle sociale où il est situé, demeure un gros pochetron notoire loué à une culture commune de la biture qui aurait pu faire pâlir un Bukowski, un Gainsbourg ou un Miossec des débuts. Le livre montre un constat ici, souvent en décrivant des scènes tragicomiques et loufoques de la rue jusqu'aux sphères du pouvoir, d'un taux d'alcoolémie depuis lequel chaque foie d'un islandais mâle devrait être enterré à part avec les honneurs. Cela semble incroyable, caricaturé, dans l'histoire d'un pays libéré de la couronne du Danemark mais qui, pourtant, reflète les extrêmes comme la glace et le feu sur lesquels se calquent, d'un point de vue moral, la restriction et la déchéance tout comme des oppositions politiques distinctes.
Les femmes, amantes ou épouses, au côté des dépravations de leurs conjoints, font preuve de force de caractère pour beaucoup.
Pas facile donc à lire de part les sauts multiples entre les époques pour décrire les exploits des uns et les magouilles des autres du même sang et qui se succèdent d'un chapitre à l'autre.
Les Rois D'Islande, de l'écrivain Einar Már Guðmundsson , est pour ainsi dire une satire grinçante et drôle autour de la société islandaise qui mériterait une bonne adaptation cinématographique par sa narration..