Des Solidarités mystérieuses et elles le restent.
Comme c'est Saint-Quignard l'auteur, on n'ose à peine critiquer franchement : c'est toujours tellement grave, tellement tragique... on a toujours un peu peur de provoquer un suicide si jamais on disait du mal... Mais là quand même, y'a de l'abus. On dirait qu'il applique des vieilles recettes : la crise de la quarantaine, l'itinéraire du dépouillement, le mysticisme sans Dieu, la Nature avec plusieurs grands N (une nature bretonne, une qui rigole pas !) Personne ne rigole d'ailleurs dans ce roman, ni la vieille qui agonise, ni le frère en mal d'amour, ni l'amant qui s'en fout, ni le personnage principal bien sûr, qui se désincarne de page en page, corps et paroles, jusqu'au bout...
Ce ne serait pas mal peut-être si on arrivait à y croire un tout petit peu, si Quignard n'avait déjà écrit ce livre, ou si moi je ne l'avais pas déjà lu. C'est mystérieux en effet, les solidarités : je regarde cette femme se débattre comme elle peut dans son marasme intérieur, dans ses pertes, dans ses chagrins, je me dis qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour que je compatisse, un peu plus d'émotion peut-être, une pointe de lyrisme pourquoi pas, quelquefois une métaphore ou même deux phrases reliées ensemble que sais-je ! Mais non, la phrase est aussi propre et sèche que que le personnage. Y'a vraiment rien qui dépasse dans ce livre : c'est un roman pour maigrir. A conseiller pour après les fêtes peut-être.