Chacune des dernières traversées du Mer d'Alors a vu l'un de ses passagers se volatiliser. Gaumixte, le PDG de la compagnie Pacqsif à laquelle appartient le navire, a chargé le Vieux, dont il est ami de longue date, de mettre un terme à ces disparitions et de solutionner discrètement ce problème avant que ce scandale ne lui porte préjudice. Notre fine équipe embarque sur le paquebot en toute discrétion, sous une couverture de simples vacanciers. Et pour parfaire celle-ci, chacun vient accompagné : San-Antonio de Félicie, Achille de son chauffeur, Pinaud de sa femme, Bérurier de Marie-Marie et de Berthe, cette dernière de son amant du moment, Félix. Malheureusement, dès le premier jour et malgré la vigilance de nos hommes, on recense deux nouvelles victimes, et pas n'importe lesquelles puisqu'il s'agit de l'épouse du ministre de l'Intérim et du second du commandant !
Si l'intrigue démarre réellement à l'embarquement sur le paquebot, l'auteur se livre dès les premières pages à une série de réflexions féroces et grinçantes sur les congés payés. D'ailleurs, la scène d'introduction durant laquelle le commissaire vient chercher Bérurier dans le camping où celui-ci a planté sa tente est hilarante - Berthe empêtrée dans sa toile, le Gros occupé à dispenser des leçons de cuisine à la cantonade, Pinuche en lutte avec sa caravane, autant de raisons d'analyser le comportement grégaire du vacancier ou le désœuvrement de l'habituel travailleur qui n'est plus alors encombré que de sa famille. Une fois sur la navire, le constat se poursuit avec le transport de masse, l'oisiveté et l'assistanat des passagers, l'absence d'initiatives et j'en passe...
Mais n'oublions pas que ce livre est un roman policier. Entre deux scènes dantesques, le commissaire cherche donc à dénouer le nœud de l'affaire. Or, dans les hors-série, tels celui-ci, le nombre de pages est beaucoup plus important que dans les épisodes classiques, ce qui permet à l'auteur d'agrémenter son intrigue, d'entrer dans le détail et de consacrer du temps à sa figuration et à ses personnages secondaires. Concernant ce dernier point, il est intéressant de noter les arrivées inopinées d'Alfred, coiffeur et amant officiel de Berthe, et d'Hector, cousin de Pinaud et détective privé, qui viennent compléter un tableau déjà très riche et au centre duquel Béru occupe une place de choix. Celui-ci ne se contente pas d'assister San-Antonio dans son enquête, il prend le devant de la scène et va jusqu'à assumer le commandement du paquebot ! Pour autant, rendons à César ce qui revient à César, c'est finalement grâce à Marie-Marie que la vérité éclatera, une vérité pleine de bon sens et de discernement qui sanctionnera en beauté un roman aussi malin et inventif que jubilatoire.
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