Il n’existe que treize types de photographies.

On ne présente plus William Boyd, un auteur britannique, élégant, prolixe et passionné (4 adjectifs, c'est la règle chez les Clay).
Un auteur classique et sûr avec lequel on est certain de passer un bon moment.
Mais voilà, il arrive qu'une rencontre change tout, qu'un coup de foudre bouleverse un roman, qu'une femme illumine un bouquin.
Cette femme c'est Amory Clay, illustre inconnue jusqu'à ce que William Boyd tombe amoureux de son personnage et entraîne à sa suite des milliers de lecteurs.
En 1977, Amory Clay coule ses vieux jours sur une côte écossaise en sirotant son whisky.
De quoi raviver souvenirs et mémoires.
Amory Clay a eu plusieurs vies, elle a éclusé de nombreux verres, elle a eu quelques amants, elle a connu plusieurs capitales (Londres, Berlin, New-York, Paris, Saigon, ...) et elle a exercé plusieurs métiers : apprentie-photographe, photographe de mode, photographe de guerre, romancière-photographe.
Son père a essayé de la tuer, elle a été tabassée par des nazis anglais (et oui, on en apprend tous les jours) et elle s'est même pris une balle vietcong. Un personnage et un destin pareils ne se croisent pas tous les jours ... encore faut-il avoir l'art et la manière de les mettre en pages.
Saluons la maestria de William Boyd. Son bouquin est tout simplement parfait qui nous passionne tout à la fois pour cette femme et ses vies, pour son métier et ses photos, pour le siècle qu'elle traverse et ses guerres.
Il ne nous faut que quelques pages pour tomber amoureux d'Amory Clay nous aussi, pour se passionner pour la photo avec elle, dès l'adolescence.
Dans les années 30, la jeune Amory se bâtit une réputation sulfureuse dans la décadence berlinoise.
Née en 1908, Miss Clay est ce qu'on appelle une femme libre que rien n'attache, ni l'argent, ni les conventions. Quelques hommes peut-être, mais c'est plutôt elle qui s'attache à eux.
Une femme libre et conquérante. Le premier lit qu'elle investit est celui de son oncle ... gay !
Quelques pages et quelques verres plus loin, nous suivrons la jeune photographe devenue reporter de guerre pendant le débarquement.
Encore quelques années, quelques gins et quelques whisky, et ce sera le Vietnam (à presque soixante ans !).
Sans peurs et sans regrets, Amory Clay arpente à grands pas la vie, les bonheurs, les amours, les pays, ... alors que le siècle traverse toutes ces guerres (son père reviendra brisé de celle de 1914, elle-même en connaîtra deux autres et y perdra plusieurs de ses êtres chers).
Le lecteur sous le charme est bien en peine d'expliquer ce qui lui arrive après avoir goûté au breuvage concocté par William Boyd : une étrange alchimie entre un superbe portrait de femme, un hymne à la photo et aux photographes, une traversée fulgurante de notre siècle, ...
Pour celles et ceux qui aiment la photographie.

BMR
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le 7 déc. 2015

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