Seconde et nouvelle parution de la jeune et féconde association DuB Editions, Les cadavres en fleurs est un court roman très agréable à lire.

Après le premier texte mexicain de Carmen Boullosa publié en septembre 2012, nous avons cette fois à faire à un roman français d’une jeune auteur très prometteuse : Elodie Soury-Lavergne, lauréate du concours du jeune écrivain 2011. Sa soif d’écriture a visiblement payé puisque l’essai est, selon moi, transformé.

Le roman, écrit à la première personne, relate la vie d’un personnage un peu particulier : Fulbert Roty. Avec un nom pareil (élément clé du récit puisque notre ami s’en plaint constamment) vous imaginez bien que le héros est légèrement tourmenté et je dirais même « bizarre » ! Comment ne pas s’interroger sur la provenance et l’attribution d’un tel patronyme, nom musical et loufoque au possible qui choque littéralement l’intéressé, qui espérait beaucoup mieux de la part d’une maman pianiste…

Il est très difficile de résumer le texte et d’en parler, car je pense que l’intrigue n’est pas l’essentiel et revêt finalement assez peu d’importance. Le récit est très aérien et je me suis vraiment laissé entrainer dans sa lecture, seul avec Fulbert, partageant son univers. Je vous invite à faire pareil !

Fulbert est un être qui vit dans sa bulle, replié dans une grande maison de province et sans ami. Il est un peu misogyne, très renfermé sur lui-même et regrette amèrement la disparition prématurée de sa virtuose de mère. Il semble, pour couronner le tout, qu’il déteste particulièrement les « vieilles peaux » et le démontrera tout le long de son histoire avec humour et férocité.
Riche (l’héritage de sa défunte mère est conséquent), il vit reclus et tente, pour la forme, de travailler mais ne parvient pas à s’insérer durablement dans la communauté de son village.
Il rencontre Cindy qu’il épouse (presque contre sa volonté, qui voudrait vivre avec un piaf ?) et se fascine progressivement pour les fleurs qui sont capables de sécher et d’être gardées à vie auprès de soi. Les aventures de Fulbert sont peuplées de personnages hauts en couleurs et de rencontres improbables.

Le ton est très léger, très agréable à lire, les chapitres sont courts et vraiment percutants, je n’ai pas vu le temps passer en me plongeant dans ce livre.
L’ouvrage décrit plus un monde légèrement mystérieux, un univers singulier et très particulier ; en effet le héros fait de drôles de rencontres et on sent que les enjeux se passent à l’intérieur de son crâne : le Stewart cannibale, le chien juif circoncis…

Si je devais conseiller l’auteur pour une transposition sur les écrans et donner des pistes aux futurs lecteurs, je penserais au tandem Caro / Jeunet qui dépeint toujours des univers bien particuliers et personnels sortis de leurs imaginations : Amélie poulain, Mics Macs à tire la rigot ou encore mieux : Délicatessen.

Vous l’aurez compris, aucun livre ne ressemble à celui-ci et je ne peux que vous encourager à entrer dans le monde, à la fois merveilleux et terrifiant, de Monsieur Roty.

TLBH
madamedub
10
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le 15 avr. 2013

Critique lue 105 fois

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