Comme son titre l'indique, vous entendrez parler d'orange dans ce roman mais pas que. D'autres fruits, d'autres légumes et beaucoup d'autres saveurs vous y attendent également, la cuisine du terroir occupant une place d'honneur dans la narration.
Les cinq quartiers de l'orange font référence aux cinq chapitres d'un récit qui offre autant de parts d'ombre et de parts de lumière. Framboise est une femme de soixante-cinq ans qui se souvient. En feuilletant les pages du vieux cahier de sa mère décédée - mi-journal, mi-livre de recettes -, c'est son enfance pendant l'Occupation qui lui saute au visage. Framboise se souvient de sa mère, Mirabelle, veuve dure qui cachait ses sentiments ; elle se rappelle aussi comment, avec son frère et sa sœur aînés, elle a "ingénument" collaboré avec les Allemands, fournissant des renseignements sur les habitants de leur village contre quelques barres de chocolat et une canne à pêche ; elle se remémore enfin les bouleversements que ne manquent pas de provoquer la haine, la peur et le manque d'amour.
Si ce roman est très touchant et nous prend facilement dans ses filets, je n'ai pas été complètement séduite. La faute en incombe à des détails : style parfois confus, prénoms de fruits un peu ridicules (de mon point de vue) donnés à tous les personnages de la famille... mais comme il ne faut pas laisser les détails gâcher l'essentiel, je peux dire qu'au global cette lecture reste une découverte tout à fait plaisante. En parallèle de l'émotion qu'elle suscite (comme c'est presque toujours le cas dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale), cette lecture se fait aussi dure et âpre. Aux violences de la guerre s'ajoutent celles des blessures de l'enfance, et l'on sait bien que le temps parvient rarement à cautériser complètement les unes comme les autres.