Si je vous dis : tour du monde en un temps record, aventures, voyage en ballon, en sous-marin, en train, si je vous dis encore déguisements, avatars, ruse et flegme plein d'humour, à qui pensez-vous ? Normalement à Jules Verne. Elémentaire puisque Paul d'Ivoi est un continuateur de la veine vernesque.
Avec l'aide d'un nègre - Henri Chabrillat -, Paul d'Ivoi publiera en moins de quinze ans une vingtaine de romans d'aventures largement inspirés des "Voyages extraordinaires" de Jules Verne, qu'il appellera d'ailleurs "Voyages excentriques". Partant de là, on peut lire "Les cinq sous de Lavarède", publié en 1894, un peu comme une parodie.
On y retrouve une très grande partie des éléments novateurs et ingénieux qui ont fait le succès de Jules Verne, et pour commencer l'idée d'un défi, d'un pari fou, d'un challenge. C'est là la clé du récit au cours duquel Armand Lavarède, journaliste et dilettante parisien, se voit contraint de faire le tour du monde avec vingt-cinq centimes en poche et dans un délai d'un an s'il veut hériter d'une fortune colossale. Accompagné dans son périple par des amis ou des adverses tenaces, Lavarède se heurtera avec bonheur et succès à une incroyable et fabuleuse série d'aventures, plus burlesques que périlleuses pour la plupart.
Quant à moi... je me suis bien ennuyée pendant cette lecture. Même si le verbe classique est doux à l'oreille, n'est pas Jules Verne qui veut et là où le bât blesse cruellement, c'est dans le rythme qui s'enlise. Les auteurs perdent un temps fou dans des détails sans aucun intérêt si ce n'est celui de noircir des pages - rappelons que la mode du feuilleton littéraire battait alors son plein et que les écrivains étaient payés à la ligne. Quand on a lu les aventures de Phileas Fogg, on a bien du mal à s'intéresser sérieusement à celles d'Armand Lavarède. Déjà parce que tout paraît cousu de fils blancs, ensuite parce que le tempérament du héros est outrancier. Cet excès, peut-être volontaire, le rend peu crédible et, pour ce qui me concerne, peu attachant.