Ce soir-là Clémence avait eu la permission de sortir, oh pas très tard. Il avait fallu palabrer avec « le monstre bicéphale », nom qu’elle donne à ses parents, jamais capables de prendre la moindre décision l’un sans l’autre !
L’adolescente s’était légèrement maquillée pour faire comme ses copines pour la fête de l’école.
Mais voilà, en chemin, elle fait la mauvaise rencontre, la rencontre avec le monstre, avec le connard, les seuls mots qui lui viendront pour qualifier celui qui lui a fait peur, qui l’a salie avec ses mots orduriers, qui l’a menacé avec un couteau.
La jeune fille n’a pas été violée, mais quelle différence ? Elle se sent sale, incapable de parler, de se confier, incapable d’expliquer l’inexplicable.
Elle vivra avec son terrible secret et son mal-être.
Devenue adulte, après un bref passage dans le cinéma, elle devient maquilleuse de poupées sexuelles destinées à des hommes trop seuls.
Tous les 29 du mois, date anniversaire de son agression, Clémence s’habille de façon provocante et part en chasse. A la recherche de quel exutoire ? La jeune femme devenue insensible multipliera les aventures,
« Des baises d’un soir réglées en fin de mois comme on le fait des factures. »
Delphine Bertholon donne alternativement la parole à la Delphine pleine de vie et de rêve et à la femme amère et sans illusion qu’elle est devenue. Les phrases courtes, incisives nous happent comme les dents d’une mâchoire impitoyable.
Il y a malgré tout beaucoup d’humanité dans ce roman malgré la violence du propos. Delphine Bertholon m’a bouleversée avec l’histoire de Clémence.
Je ne connaissais pas cette auteure et j’ai découvert son immense talent.