Dans un millier d’années, après avoir survécue tant bien que mal à la guerre, l’humanité s’est reconstruite autour de ses scientifiques. Mais à l’occasion d’une élection, les tensions entre communautés ressurgissent et une guerre plus meurtrière que jamais, utilisant de nouvelles armes, les féériques, provoque à nouveau des millions de victimes.
Parfois le travail de chroniqueur est simple : la préface éclairante de Yann Fastier aux Hommes frénétiques fait déjà tout le boulot. Seule œuvre de science-fiction d’Ernest Pérochon, plus connu pour Nêne, prix Goncourt 1920, ce récit profondément pessimiste est directement marqué par la première guerre mondiale. Alors qu’avant la guerre la science est synonyme de progrès et d’amélioration des conditions de vie, celle-ci a montré, notamment avec l’utilisation de gaz de combat, que la science pouvait être aussi être un instrument de mort. Les hommes frénétiques, plutôt qu’un roman, est une effroyable histoire du futur. En effet, l’intrigue est minimale, les personnages sont réduits à des archétypes et l’imaginaire est surtout occupé par les multiples destructions et conflits du futur se concluant sur une pirouette désespérée.
Curiosité historique plus que réussite romanesque, Les Hommes frénétiques est avant tout un témoignage éprouvant de l’état d’esprit d’un survivant de la première guerre mondiale. 90 ans après son écriture, si la forme a vieilli, le fond est malheureusement toujours aussi pertinent. Remercions les jeunes éditions On verra bien pour cette reprise d'une œuvre marquante.