Dans ce premier roman particulièrement réussi, Sylvain Ouillon retrace l'histoire d'une famille, sur plusieurs générations. On navigue à travers les années (le livre s'étale sur le siècle dernier, des arrières grands parents nés en 1900 jusqu'aux petits enfants qui arrivent dans les années 70/80), on suit avec plaisir les personnages qui font leurs choix de vie dans le grand tumulte de l'histoire humaine.
C'est une formidable réflexion sur l'identité, le temps qui s'écoule, le choc des générations, la perte des repères, les interrogations sur les valeurs qui gouvernent nos vies, sur notre rapport aux souvenirs et à la mémoire familiale. Le style d'écriture est léger, poétique, sans être révolutionnaire, mais il se prête assez bien au format.
Le livre est long (650 pages, de mémoire) mais on ne voit pas le temps passer. On adore suivre les aventures de cette famille, qui évolue avec son temps. Durant tout le livre, on alterne de manière fluide entre les événements historiques et les événements personnels de la famille.
La qualité reste contante au fil des pages mais j'ai trouvé la fin moins intéressante. Peut-être parce que les derniers chapitres se rapportent à "notre" époque. Ça reste mon avis personnel, mais j'ai préféré la partie 1900-1940 que la suite. Au fil du texte, l'auteur sème tout un tas de citation de qualité variable. Là dessus mon avis est complètement subjectif, mais passer de Bernanos ou Proust à Jacques Attali, ça fait quand même bizarre... Après tout, il en faut pour tous les goûts.
En définitive, ce livre, je crois, ne plaira pas à tout le monde. Pour donner une idée de l'expérience qu'il procure, j'ai vécu cette lecture comme un petit-fils qui écoute sagement sa grand-mère raconter les anecdotes sur les anciens, sur ses parents, sur la vie d'avant. Un goût de nostalgie, de temps perdu qu'on ne retrouvera jamais, et en même temps le plaisir d'imaginer comment vivaient ses ancêtres. Au fil des pages, on ne s'ennuie jamais.