L’idée de départ était louable. Raconter les lendemains de défaites de nos hommes politiques depuis De Gaulle jusqu’à Hollande. Ceux qu’on voit à travers nos petits écrans sont souvent déshumanisés. Les médias nous renvoient une image déformée et il est souvent difficile d’avoir de l’empathie pour eux. Si l’intention de ce bouquin était de ramener un peu compassion pour les accompagner dans des moments malheureux, et bien c’est loupé.
Non pas que le récit soit un ratage complet, certains passages m’ont bigrement intéressé, ceux de Mitterrand en particulier. Les coups fourrés, les calculs, la maladie, jusqu’à la passation de pouvoir avec Chirac, ça a de la gueule. Mais quand on gratte au-delà du récit, et bien il n’y a rien ou quasiment. Les auteurs avancent des faits, des constatations, des états d’esprit sans jamais alimenter leurs propos par des citations concrètes ou des confessions de proches. Et c’est ceci qui est bien dommage. Évidemment, nos auteurs ont puisé dans certains journaux, dans certaines biographies, mais c’est bien maigre face à ce qui est avancé dans le bouquin.
Quand je lis « il se murmure à l’Élysée », j’aimerais savoir qui murmure, d’où ils sortent ces informations. Quand je lis « on le dit affaibli, irascible », pareil, c’est qui ce « on » ? Bref, j’aurais aimé un vrai travail de journaliste qui va se renseigner auprès des proches pour sortir des interviews exclusives, des confidences véridiques.
Véridique, c’est le mot.
Ce livre manque de véracité, on ne sait pas d’où sont sortis les témoignages et j’ai bien peur qu’ils soient pour la plupart, totalement fantasmés par nos auteurs (se mettre à deux pour pondre ça, sérieux ?).
Je peux citer quelques exemples : lorsqu’ils parlent de Mélenchon, ils avancent que ses proches l’appellent « Le Ché ». D’où sortent-ils ça ? Qui leur a dit ? Moi qui ai suivi la campagne de 2017 et lu pas mal d’ouvrage sur lui, je n’ai jamais entendu ça. Les journalistes de nos médias télévisés seraient passé à côté de cette info pendant la campagne? C’est pas sérieux, cette affirmation est sortie de nulle part.
Pareil pour Fillon. Ils avancent que Sarkozy s’opposait au plan B Juppé pendant l’histoire du Pénélopegate. D’où tiennent-ils cette information ? Qui leur a dit ? Où sont les preuves ?
Et on peut faire la même chose pour chaque homme politique. On ne sait pas d’où sortent les informations, on a juste à les croire sur parole. C’est un peu léger pour des soit disant professionnels.
Si on rajoute à cela une syntaxe parfois douteuse (des phrases sans verbe, c’est un style mais c’est pas agréable à lire), des regards partisans (« le courageux combat de Valls », « l’injuste accusation de Fillon », « les mots qui vont droit au cœur de Juppé »), on comprends que c’est un bouquin écrit à la va vite, sans aucun professionnalisme ni aucune recherche, juste sorti en novembre pour être emballé au pied du sapin et offert aux gens qu’on connait mal. Le cadeau empoisonné.