Bouleversé par un séjour touristique dans le Nordeste Brésilien, Mathias comprend que la vie qui l’attend ne correspond en rien à ses aspirations profondes. Ses brillantes études, censées le préparer à reprendre le flambeau de l’entreprise familiale, lui ont inculqué la loi du marché, l’exploitation des peuples et des richesses naturelles comme instrument d’une croissance ne profitant qu’aux riches. Toujours plus pour toujours moins de monde, l’équation le rend malade.
Alors Mathias prend la plume. Dans une longue lettre adressée à ses parents, il explique et justifie ses choix, son changement de vie radical, sa difficulté à l’assumer : « Je viens de briser, violemment, en quelques secondes, la gangue dans laquelle vous, mes chers parents, vous m’aviez enfermé. J’ai, à cet instant, la fragilité d’une chrysalide qui devient papillon et n’a pas osé déplier ses ailes encore molles ».
Cathy Ytak dresse le portrait d’un jeune homme en quête de sens, d’un jeune homme pétri d’idéalisme, prêt à sortir du carcan de l’atavisme. La colère est contenue. Pas la peine de hurler, le ton est serein, les arguments limpides. Mathias est fragile mais convaincu du bienfait de son choix, convaincu qu’il lui faut « vivre autrement, à la mesure de ses vrais désirs et pas à celle des désirs créés par la société dans un but de profit. Vivre à sa place dans le monde sans prendre la place des autres ».
Un roman sensible et engagé, porté par la plume délicate d’une auteure que j’adore, qui assume ses convictions et aime pousser ses lecteurs à la réflexion. Pour le coup l’objectif est atteint, haut la main même !