Tell me three wishes....

"Je n'ai aucun voeu à faire ! Pas le moindre petit voeu !... ENFIN, ça ne me gênerait pas d'avoir assez d'argent pour régler mes factures, mais c'est tout, ABSOLUMENT TOUT... J'AI BEAUCOUP CHANGÉ..."
(Charles Mingus, p 109)

De 1961 à 1966, la baronne Pannonica (dit aussi "Nica") de Koenigswarter, grande mécène exilée en Amérique et amie et confidente des jazzmen recueille près de 300 témoignages de nombreux musiciens alors plus ou moins connus. Ces voeux, longtemps restés inédits et qui ne seront publiés que bien après sa mort en 1988 dans ce livre montrent humblement le quotidien et les désirs de personnages haut en couleurs le plus souvent en proie à la discrimination raciale la plus violente pour trois fois rien.

Rappelons l'une des nombreuses anecdotes véridiques à ce sujet, alors qu'elle accompagne une tournée que fait Monk avec Charlie Rouse dans le Delaware. Thelonious soudain pris d'une petite soif demande alors à Nica de s'arrêter dans un restaurant du bord de mer. Le patron de celui-ci, un brin inquiet par la stature et le mutisme du pianiste appelle directement les flics. Ces derniers sitôt arrivés se jettent sur Monk devant une Pannonica horrifiée qui les supplie de ne pas taper sur les mains du pianiste.La fouille de la Bentley de la baronne dévoile alors une certaine dose de Marijuana. Nica prend sur elle l'accusation de possession de narcotiques pour que Monk (il va alors perdre sa carte de cabaret qui lui permettait de jouer dans les clubs de New York et ne la retrouvera que deux ans plus tard, en 1957) ne soit pas plus accablé. Condamnée à trois ans de prison, elle fera appel et sera acquitée après plusieurs années de lutte de ses avocats.

"1. Avoir UNE FRAîCHEUR INÉPUISABLE dans ma musique... (Pour l'instant, je me répète un peu !)
2. Être immunisé contre la maladie et la mauvaise santé.
3. Avoir trois fois ma puissance sexuelle d'aujourd'hui... Et aussi autre chose : éprouver plus d'amour spontané pour les gens (Tu peux ajouter ça au bout de l'autre réponse.)"
(John Coltrane, p.61)

"ÊTRE BLANC !"
(Miles Davis, p.224)

"Deux de mes souhaits se sont déjà réalisés : jouer avec Thelonious Monk et avec Dizzy Gillepsie... Donc je n'ai plus qu'à en trouver un... Être un grand jazzman."
(Sam Jones, p. 183)

Comme on le voit donc plus haut, l'époque n'était presque jamais tendre (euphémisme). Or ce qui ressort de ces multiples mini témoignages (encore que parfois certains en font des tartines !) ce n'est généralement pas l'ostracisation, visiblement considéré comme une violence hélas banalisée par nombre de musiciens ou alors tendue à l'écart et exorcisée naturellement par la musique.

Ce qui ressort en fait, ce sont des voeux d'amour envers les proches, la famille ou une âme soeur pas forcément encore trouvée et bien sûr l'argent (on comprend d'emblée la situation financière des musiciens, surtout noirs, de cette époque) et la santé. La religion est étonnamment souvent mise de côté sauf par deux-trois.
Bien sûr des réponses sortent du lot (Miles Davis par exemple) mais elles sont assez minimes.

Au final un livre pas forcément indispensable mais un livre attachant pour qui aime le jazz (et Thelonious Monk évidemment). Un livre aussi qui permet de compenser le fait qu'il n'y a encore aucun livre ou film sur la personnalité de Pannonica de Koenigswarter et c'est bien dommage car il y aurait beaucoup à faire.

"1. Plus de guerres !... Et s'il y en a encore... QU'ON NE M'APPELLE PAS !
2. Que tout le monde se mette à s'intéresser à la culture.
3. Paix sur la Terre... et surtout ailleurs (SUR LES AUTRES PLANÈTES DU SECTEUR !...)"
(Wayne Shorter, p. 106)

"Je me souviens qu'on m'a déjà posé cette question quand j'étais petit ! Le premier, ce serait d'avoir un anneau magique qui me permettrait de réaliser tous mes voeux, et je n'aurais donc pas besoin des deux autres !"
(Bill Evans, p.139)