Tout ou rien...
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le 6 sept. 2013
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Voici le premier tome (intitulé "les grands textes") des poésies de Jacques Boé, alias Jasmin, poète occitan originaire d'Agen qui publia à l'époque de la Restauration et connut un certain succès jusqu'à Paris. La présente édition a la particularité de proposer un apparat critique double, en français et en occitan, avec des notes de fin d'ouvrage peu nombreuses mais suffisantes. Ne sachant pas prononcer l'occitan, je n'en ai pas profité pleinement.
La poésie de Jasmin rappelle un peu celle de Hugo. C'est une poésie qui mêle narration et éducation, qui a des visées populaires, qui joue beaucoup sue le rythme et sur les proximités de sonorité. Elle lorgne parfois sur l'épique ou sur le pathétique, mais peut aussi aller vers la bonhommie. Au niveau des histoires, c'est inspiré d'histoires locales mais ça rappelle un peu Balzac : on voit des personnages vieillir, il y a une sensibilité pour le peuple, une haine de l'opinion et des rumeurs, et il y a des échos de l'épopée napoléonienne, avec une nostalgie implicite.
"Mes souvenirs", composé en 1830, est une pièce très attachante, qui retrace la jeunesse de l'auteur. On apprend que Jasmin était issu de parents pauvres et n'aimait pas l'école. Une jeunesse à jouer et à se gaver de fruits. Son grand-père, mourant, est emmené à l'hôpital des pauvres.
aurait pu être prêtre, mais se fit enfermer après avoir couru la donzelle. Il monte sur un escabaud et se renverse de la confiture de coing sur le visage. Il s'enfuit, tombe au milieu du carnaval, où on le prend pour un Maure. Sa mère, qui espérait le placer comme prêtre, vend sa bague pour acheter du pain. Jasmin devient apprenti coiffeur et cherche une consolation dans la lecture. Il commence à écrire.
Le charivari (1825). C'est de loin le poème le plus obscur, que je ne prétends pas avoir compris. Je crois qu'il s'agit d'une bataille entre les partisans de l'ordre et les soldats de l'amour, réunis en charivari. La tonalité est résolument héroï-comique.
L'aveugle de Castelculier (1835). Cette pièce est l'équivalent d'une petite nouvelle. Il commence par un défilé de jeunes gens au pied de la colline de Bon Encontre (à l'est d'Agen). Ils se préparent à la noce entre Baptiste et Angèle, une jolie fiancée. Mais le futur marié est triste. Il avait promis son coeur à Marguerite, fille d'un vétéran des guerres napoléoniennes, devenue aveugle après une maladie. Il l'aime encore, mais préfère un mariage de convenance et n'a pas osé le dire à la jeune femme. Une devineresse lui promet qu'en se mariant demain, il creusera un tombeau. Marguerite apprend la vérité par son frère Paul. Le lendemain, elle vient à la noce. Elle tire un couteau et s'en perce le coeur. La ritournelle des mariés s'est transformée : "**Les routes devraient gémir /Tant belle morte va sortir ! / devraient gémir, devraient pleurer ! Tant belle morte va passe*r*"
Françounette (1840). Ce poème raconte un triangle amoureux, et le poids de la société sur deux êtres qui s'aiment. Le poème se passe pendant les guerres de religion. Françounette est une jeune femme délurée, qui échauffe les coeurs, notamment celui de Marcel, soldat favori de Blaise de Montluc, seigneur des environs et grand pourfendeur de huguenots. La jeune femme éconduit Marcel et accorde un sourire à Pascal, un pauvre. L'incident dégénère avant d'être interrompu par le seigneur. Plus tard, qui se morfond, compose une chanson, "La sirène au coeur de glace", qui amuse Françounette. Mais un sorcier apparaît et interrompt la joie ambiante : il maudit la jeune femme en annonçant que celui qui l'épousera mourra. On n'y prête pas attention, mais Françounette connaît une série de bonheurs, en échappant à des calamités naturelles, et peu à peu on la traite dans le pays de sorcière. Elle est de plus en plus isolée. Sa mère a un rêve où elle voit la maison brûler. Seul Pascal continue à la défendre, et un sentiment commence à germer dans le coeur de la jeune femme, qui prie la Vierge. Lors d'une messe, le tonnerre gronde alors qu'elle baise l'image de la Vierge, et la grêle ravage tous les champs, sauf le sien. Les habitants l'accusent de porter malheur et veulent brûler la maison. Pascal s'interpose, et se dit prêt à mourir avec Françounette. Marcel, qui revenait à la charge proposait un mariage à la jeune femme, est confondu. Reste la malédiction. Mais Marcel avoue que le sorcier n'était une mascarade pour les empêcher d'être heureux.
**Marthe la folle (1844).** Poème émouvant, qui se penche sur le passé d'une vieille folle sur laquelle les jeunes enfants d'Agen s'achargnent. Jeune, elle s'est amourachée de Joseph, mais ce dernier est réquisitionné par les armées de Napoléon, et elle reste longtemps sans nouvelle, à attendre pieusement. Marthe travaille d'arrache-pieds dans la boutique de son oncle. Ce dernier meurt, et Jacques écrit de moins en moins, il faut dire qu'il se bat au loin. On lui annonce enfin le retour prochain de Jacques. Mais celui-ci se montre avec une épouse au bras. Depuis, elle a perdu la raison, et tressaillit quand elle voit des uniformes. Les enfants la tourmentent en criant "Marthe, un soldat !".
Les deux jumeaux (1846). C'est une histoire qui ressemble au roman François le Champi, qui lui est postérieur. Deux jumeaux, Paul et André, vivent en paix, mais tombent tous deux amoureux de la belle Angéline, qui choisit André. Paul dépérit : André s'efface, et part à la guerre. Il rédige un chant pour étouffer sa tristesse (joli caligramme en forme d'urne). Paul apprend la vérité et part à la recherche de son frère. Mais ils s'affrontent sur le champ de bataille. Paul meurt, et rend son frère à sa promise. La mère pleure.
La semaine d'un fils (1849). Poème marqué par le contexte de 1848. Abel et Jeanne ont un père Maçon, qui est victime d'un accident de travail qui va durer une semaine. La famille a besoin de son salaire. Sans le dire, le fils va remplacer son père au chantier, et dit à celui-ci qu'un ami l'a remplacé. Le dernier jour, le père, remis, se lève et apprend qu'il vient d'y avoir un accident au chantier. Il découvre le cadavre de son fils.
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le 18 août 2017
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