En débutant la lecture d'un roman jeunesse du XIXème siècle ayant pour cadre la Hollande et écrit par une auteure américaine, je ne m'attendais vraiment pas à prendre beaucoup de plaisir. Animée d'une curiosité tout juste polie, j'ai pourtant été embarquée malgré moi par les aventures de Hans et Gretel, un frère et une soeur issus d'une famille modeste mais digne.
Dans un paysage de glace et de plat pays, Mary Mapes Dodge se prête à l'exercice alors nouveau d'attirer l'attention des touristes et des intellectuels sur la vie quotidienne d'un pays en particulier. Ainsi, comme le lecteur de 1865, le lecteur découvre à peu près tout ce qui fait l'identité de la Hollande, un peu comme lorsque, enfant, ma maîtresse me demandait un exposé sur l'Italie. Population, traditions, géographie, histoire, folklore, religion, gastronomie, artisanat, tout y passe à travers une narration rafraîchissante et romanesque, située quelques part entre le conte pour enfants et le guide Baedeker.
Ce que Selma Lagerlöf, prix Nobel de littérature, entreprendra en 1906 avec son ludique et pédagogique - j'aurais tout aussi bien pu écrire son inimitable et inoubliable - "Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède", Mary Mapes Dodge l'a entrepris avec "Les patins d'argent". En suivant Hans et Gretel, âmes pures de l'enfance, la plongée dans l'évasion éducative est amusante, bien qu'exhaustive.
Aucune longueur superflue dans le récit, des personnages sympathiques, une société un brin idéalisée, une atmosphère pastorale, des rebondissements tantôt cocasses, tantôt dramatiques, des émotions non déguisées, un dénouement qui comble les attentes, oui, vraiment, "Les patins d'argent" font passer un bon moment, aux petits comme aux grands.