Découvert par le recueil de nouvelles édité aux Éditions Zulma en 2014, j’attendais impatiemment l’occasion de lire un nouveau texte de cet auteur. Après l’onirique L’âme de Kôtarô contemplait la mer, ce roman est-il plaisant ? Affirmatif ! Court roman, mais histoire puissante.


Une bande de bambins chahuteurs s’impose un défi : si Akira arrive à déposer le bocal contenant un tilapia près du crâne qui pleure, le chef du groupe, Isamu, devra dans une semaine aller le récupérer.
Parallèlement Fujii Yasuo, journaliste d’une chaîne de télévision, arrive dans la bourgade pour tourner une émission à l’occasion de la commémoration des défunts avec comme sujet principal l’ossement plaintif. Mais c’est sans compter sur Seikichi Tôyama, agriculteur à la force tranquille, largement décidé à s’opposer au projet, par respect envers les morts de la bataille d’Okinawa et de ce soldat japonais inconnu déposé dans la grotte sépulcrale du village dont le crâne est la dernière relique d’une période trouble.


Comme dans ses nouvelles, le fantastique sert de prétexte pour traiter de thèmes beaucoup plus âpres. Ici, c’est celui du devoir de la guerre, l’obligation de la faire, du devoir de mémoire et son silence, pour les innombrables pertes et souffrances générées par les conflits et toujours endurées par les vrais perdants : les civils.
Medoruma, en nous contant l’expérience du drame guerrier, selon les personnages, nous rappelle les réalités qui se cachent derrière l’idole en armure : la faim, le froid, la peur et dans le cas précis du Japon, suite à sa reddition, l’humiliation de la défaite, la reconstruction difficile, l’opprobre silencieuse pour les survivants.
Au travers de ces deux hommes, il explore la question de la résilience. Servi par sa plume fine, il le fait en 128 pages de manière remarquable.


Lire Medoruma Shun, c’est suivre la partition florale et légère d’un shakuhachi. On y retrouve les descriptions généreuses sur la nature luxuriante et majestueuse, pages envoûtantes qui vous emmènent dans les paysages verdoyants et humides de la contrée d’Okinawa, un univers où fantastique et réel se côtoient avec harmonie.


Deux ans d’attente pour obtenir l’opportunité de retrouver l’univers de ce conteur exceptionnel. Le plaisir est intégral.


Un grand merci à Corinne Quentin pour la traduction du livre et aux Éditions Zulma d’éditer cet auteur.


http://largaleblog.wordpress.com/2016/10/09/81/#respond

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le 10 oct. 2016

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