Entre Ionesco et Tarantino, entre une profonde réfléxion et un grand éclat de rire.

Je sors fraîchement de la représentation et la pièce m'a pour ainsi dire "complétement charmé". Les quatre jumelles c'est ce genre de pièce que vous revoyez sous tous les angles et dans tous les sens, et qui vous hante pendant une semaine, voir des mois. En gros, c'est un coup de cœur artistique La mise en scène était expérimentale, mais le texte était particulièrement mise en valeur par des comédiens brillants de la Troupe du Menteur Volontaire (85). Ces deux sœurs, les Smith, elles s'aiment où elles ne s'aiment pas finalement ? En tout cas, si elles s'aiment, le "je t'aime" ordinaire serait plutôt chez Copi un "conasse" terme utilisé une cinquantaine de fois dans la pièce.
La pièce pourrait se résumer ainsi : "Le combat entre les sœurs Smith et les soeurs Goldwashing." Le trophée du vainqueur ? Partir quelque part, de plus en plus loin, avec de plus en plus d'argent. Mais pour le moment il faut vaincre l'autre, cette sœur qui nous colle un brin trop, qui depuis notre enfance ne nous a laissé que d'étranges traces sur le corps (le tuyau d'arrosage dans le vagin, par exemple, c'était elle). Bref le tableau du tiraillement d'une fratrie, mais surtout la démonstration de l'impossibilité pour l'homme de supporter l'autre.
Dans un univers burlesque (j'ai une balle qui me rentre dans la vessie), on hésite à rire devant cette tuerie où finalement toute l'absurdité de l'homme et de l'existence ressort. Mais les dialogues sont tellement riches, "Salope! Salope! Salope!" et la mise en scène "Brethomienne" souligne le décalage entre le fond (terriblement noir) et la forme (l'esthétique impeccable, les jets de peinture symbolisent la prise de drogue). Pendant que les jumelles ennemis sont en train d'agoniser à terre, les deux autres jouissent de leur éphémère victoire : l'une fume une clope bien méritée, l'autre mange un sandwich au poulet.

Enfin,on ne peut pas ne pas penser aux pièces de Ionesco, où le langage de l'homme serait équivalent à un long silence. (la fin de la Cantatrice Chauve). Une profonde réflexion sur l'existence humaine. Tout cela arrosé par des balles meurtrières : en l'occurrence ici, des œufs.
Mansfield
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le 22 juil. 2011

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