Publié sur L'Homme qui lit :
Les sagas familiales m’enchantent, c’est un genre de roman dans lequel je me retrouve, pas tant pour les histoires de familles, les secrets, les cicatrices qu’un geste ou une parole peuvent laisser dans la vie d’une famille, mais parce que ce sont des romans qui me donnent l’impression de durer des décennies, et qu’en les lisant je traverse les siècles, les océans, et que je vis plusieurs romans en un seul.
Les souliers vernis rouges suit la vie tumultueuse de la famille Xénopoulous à travers les siècles, à compter du départ de l’île grecque de Zakynthos des deux frères Dionysis et Yagos, en 1870. Les deux cordonniers partiront pour Constantinople (l’actuelle Istanbul) puis Odessa, afin de monter leur commerce de chaussures, qui deviendra une affaire florissante.
Le reste de roman sera fait de mariages, d’amours intenses, de tromperies, d’enfants cachés, de drames, de jours heureux, de bonheur tranquille, de déceptions et de regrets. C’est une vie de famille riche et pleine de rebondissements que nous offre la descendance de Yagos, et chaque génération vivra à sa façon les évènements de l’Histoire et de son histoire.
J’ai aimé tout particulièrement le premier tiers du romans, qui m’a fait voyager dans le temps et m’a littéralement transporté dans l’Empire Ottoman. J’avais l’impression de marcher dans les ruelles de Constantinople, de profiter des odeurs de ses marchés, de vivre aux côtés des personnages. La suite m’a parfois un peu déçu dans la forme du récit, l’auteur faisant le choix surprenant d’un rythme narratif inconstant, où elle peut décrire une rencontre autour d’un thé en cinq pages, puis ensuite nous dire en cinq lignes qu’ils se marièrent, eurent trois enfants, et qu’ils ont désormais chacun une dizaine d’année.
Une lecture agréable mais inégale, que je conseille malgré tout aux amateurs de sagas familiales.