Dans tous les sens
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
30 j'aime
8
Les Triptyques de Jérôme Bosch se présentent sous la forme d’un coffret qui lui-même s’ouvre, comme un triptyque, sur un livre d’une centaine de pages écrit par un universitaire, et les reproductions cartonnées et dépliables des cinq triptyques complets de Jérôme Bosch : le Jardin des délices, le Jugement dernier, la Tentation de saint Antoine, l’Adoration des mages et le Chariot de foin.
Ces dépliants sont ce qu’il y a de plus convaincant dans le coffret. Leur maniabilité et leur grand format mettent en lumière le dialogue entre intérieur et extérieur qui est, précisément, ce qu’il y a de plus caractéristique dans un triptyque. (Et tout lecteur de peinture sait combien il est parfois fastidieux de parcourir un livre d’art à la recherche d’une reproduction…) Du reste – car les détails pratiques peuvent compter –, ils sont beaux sans être fragiles.
Le livre, lui aussi d’un grand format (32×36 cm), est moins convaincant. Une introduction générale sur Bosch, suivie pour chaque triptyque d’un « décryptage » général de chaque panneau (extérieur et intérieur), puis d’une évocation détaillée d’un certain nombre de détails : l’ouvrage est très structuré, mais sa structure rend son contenu répétitif, et forcément superficiel. Au moins n’y trouve-t-on pas de ces délires interprétatifs auxquels l’œuvre de Bosch donne souvent lieu, ni d’erreur factuelles – en-dehors du singe du Jardin des délices curieusement pris pour un ours…
De fait, les passages les plus intéressants du texte sont des considérations d’ordre général, par exemple sur le « dialogue entre la liturgie et l’invention plastique » (p. 15) chez Bosch, ou des remarques aussi simples que vraies, mais qui ne donnent lieu à aucun approfondissement. Ainsi l’auteur rappelle-t-il que le triptyque connu sous le nom du Jugement dernier est « une “vision” mettant en garde les fidèles contre les péchés et non le Jugement dernier en tant que tel » (p. 38). Quels enseignements en tirer ? Qu’est-ce qu’un professionnel de l’histoire de l’art peut nous apprendre à ce propos ? On n’en saura rien.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Jérôme Bosch et autour
Créée
le 11 févr. 2019
Critique lue 36 fois
Du même critique
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
30 j'aime
8
Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...
Par
le 12 nov. 2021
21 j'aime
Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...
Par
le 4 avr. 2018
21 j'aime