Les Triptyques de Jérôme Bosch se présentent sous la forme d’un coffret qui lui-même s’ouvre, comme un triptyque, sur un livre d’une centaine de pages écrit par un universitaire, et les reproductions cartonnées et dépliables des cinq triptyques complets de Jérôme Bosch : le Jardin des délices, le Jugement dernier, la Tentation de saint Antoine, l’Adoration des mages et le Chariot de foin.
Ces dépliants sont ce qu’il y a de plus convaincant dans le coffret. Leur maniabilité et leur grand format mettent en lumière le dialogue entre intérieur et extérieur qui est, précisément, ce qu’il y a de plus caractéristique dans un triptyque. (Et tout lecteur de peinture sait combien il est parfois fastidieux de parcourir un livre d’art à la recherche d’une reproduction…) Du reste – car les détails pratiques peuvent compter –, ils sont beaux sans être fragiles.
Le livre, lui aussi d’un grand format (32×36 cm), est moins convaincant. Une introduction générale sur Bosch, suivie pour chaque triptyque d’un « décryptage » général de chaque panneau (extérieur et intérieur), puis d’une évocation détaillée d’un certain nombre de détails : l’ouvrage est très structuré, mais sa structure rend son contenu répétitif, et forcément superficiel. Au moins n’y trouve-t-on pas de ces délires interprétatifs auxquels l’œuvre de Bosch donne souvent lieu, ni d’erreur factuelles – en-dehors du singe du Jardin des délices curieusement pris pour un ours…
De fait, les passages les plus intéressants du texte sont des considérations d’ordre général, par exemple sur le « dialogue entre la liturgie et l’invention plastique » (p. 15) chez Bosch, ou des remarques aussi simples que vraies, mais qui ne donnent lieu à aucun approfondissement. Ainsi l’auteur rappelle-t-il que le triptyque connu sous le nom du Jugement dernier est « une “vision” mettant en garde les fidèles contre les péchés et non le Jugement dernier en tant que tel » (p. 38). Quels enseignements en tirer ? Qu’est-ce qu’un professionnel de l’histoire de l’art peut nous apprendre à ce propos ? On n’en saura rien.

Alcofribas
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le 11 févr. 2019

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