Au début, dans le ventre de sa mère, bercé par ses mélopées lui racontant l’océan, son île, les baleines, les tortues, son histoire et son trésor (de pirate), il est Taan. Il n’est pas encore né, il est témoin. Il aurait pu naître à Madagascar, esclave sur un bateau négrier mais ce sera par magie.
Sa seconde vie démarre dans l’océan. Le Docteur Blind le découvre en Afrique, l’adopte, lui l’enfant Antoine. Ils partent ensemble à la recherche du trésor de son ancêtre. Il leur faut des indices, une aide, celle d’Edgar Allan Poe peut-être, qui semble expert dans sa nouvelle du « Scarabée d’or ». Ils partent vers l’Amérique et se perdent en chemin. Esclave, voleur, fuyard, rattrapé et mutilé, Antoine perd goût au trésor, aux amis, à la famille et devient baleinier.
Sa troisième vie coïncide avec l’invention de son nom de famille, Anacharsis. Il déambule maintenant sans but ou si, un retour, vers ses origines, son histoire
Alex COUSSEAU propose un roman dit de formation.
La formation est effective, un héritage oral, la lecture, l’écriture, voir ici, la conscience des peuples. L’initiation est proposée au héros et au lecteur : d’enfant poursuivant un fantasme vers un responsable de famille.
L'auteur embarque son lecteur avec une multitude de vies, mêlant ce qui peut plaire (chasse au trésor, expérience forte de baleinier), du fantastique réel ou fictif (spiritisme, Phileas Gage, Edgar Allan Poe) et des cartes géographiques.
C’est érudit sans être un roman pédagogique. Nous parcourons le monde en poursuivant le vrai cryptogramme du pirate La Buse et découvrons une époque, le IXème siècle (esclavagisme, baleiniers, ruée vers l’ouest américain, avancées technologiques – chemin de fer, daguerréotype). L’océan apporte sa magie avec sa faune fantastique, tortue, cachalot ou kraken. Le récit apporte péripéties et symboles forts.
Aussi, l’auteur permet une réflexion, sans être pesante, sur l’esclavagisme, la colonisation et les différences entre les peuples.