Ce livre raconte la vie sentimentale d'une bande de jeunes amis qui démarrent dans la vie active. Rien de vraiment original : chacun lutte, perd ou gagne sur les différents plans de la vie : travail, amitié et amours. Le livre ne se distingue pas vraiment non plus par le style de l'auteur, son écriture est simple et succinte, mais assez percutante tout de même. Il se distingue surtout par la précision de son analyse du quotidien. Le texte est enrichi d'une multitude de détails (un bout de phrase) qui vitalisent les personnages : les morceaux de comportements originaux de chacun traduisent l'originalité de leur personnalité, et atteste donc leur existence. Les personnages ne sont pas que des acteurs de l'intriguent : ils ont un caractère propre, perceptible par l'émergence de quelques traces.
J'apprécie aussi une conviction de l'auteur qui est proche de la mienne : chaque détail compte pour comprendre les gens. Parfois même, les détails anodins en apparence apportent beaucoup plus que les indices trop importants. Par exemple, je suis d'accord av ec son analyse de la trahison amoureuse : l'important n'est pas de considérer l'acte infidèle, mais plutôt d'en comprendre les raisons, et de se remettre soi-même en question ! Les raisons ne seront jamais dévoilées, explicitées (ou ce ne serait pas une trahison), c'est pourquoi il faut observer finement. Chaque déteil de comportement est un détail contribuant à la compréhension de l'autre.

"Nous entrâmes à l'Ecu de France, nous nous installâmes sur une banquette. Nous commandâmes des boissons et nous nous ennuyâmes."

"[Juliette] nous expliqua ensuite que chacun de ses amants lui avait appris quelque chose de la vie : le premier à goûter les vins, le deuxième à réparer une voiture, le troisième à s'habiller, le quatrième à reconnaître un bon tableau d'un mauvais, etc."

"Je ne dis pas que son rire était faux. J'eus simplement l'impression , ce soir-là, qu'en même temps qu'elle riait Gladys ne riait pas."

"Patrick tomba sur la gare Saint-Lazare et l'acheta. Il me confia qu'au Monopoly il n'achetait que les gares. C'est la raison pour laquelle il perdait tout le temps. Il s'en moquait. L'argent ne comptait pas pour lui. L'important, c'était qu'il puisse partir quelque part."

"Gladys, tout en disant non à la vie, n'attendait qu'une chose, c'était que la vie la prenne, la caresse, l'emmène. La vie ne s'intéresse pas à ceux dont le premier mouvement est de dire non et c'est ce qui devait pousser Gladys, un mois plus tard, à pousser une tentative de suicide."

"Je sentais, ou plutôt je savais qu[e son mépris] ne contenait auxune méchanceté, aucune bassesse. Il venait de beaucoup plus loin. Il venait des régions glacées de l'absence d'amoir vrai pour les autres. C'étaient les coups de marteau de quelqu'un qui a l'impression de taper dans du vide car pour lui les autres n'existent pas. Il tape, il tape, il se demande quand il entendra crier. Il tape plus fort parce qu'il n'entend rien, il n'entend rien parce qu'il n'écoute pas, il n'écoute pas parce qu'en fait cela ne l'intéresse pas ; mais il voudrait que cela l'intéresse car il dait que sinon il va mourir, et il tape encore plus fort, et les têtes tombent sans qu'il s'en apperçoive, sans qu'il l'ait voulu, sans qu'ait germé dans son esprit la plus petite idée de meurtre."
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le 2 mars 2014

Modifiée

le 3 mars 2014

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