Lève toi et charme est un roman narrant l'histoire d'un thésard parisien partant à Berlin dans le cadre d'un voyage Erasmus pour continuer sa thèse. Malgré qu'il soit en couple avec une fille sur Paris, il flirte avec une fille intriguante (Dora) qu'il rencontre à Berlin dans une laverie.
J'ai été beaucoup déçu par ce livre car j'avais le sentiment qu'il se concentrerait sur la relation entre le héros et Dora. D'ailleurs, je pense que c'était l'une des motivations principales du livre dans la mesure où c'est l'un des enjeux majeurs de l'histoire. Or, l'auteur développe à peine cette relation : à la fin du livre, on reste sur sa faim tant on ne connait rien de cette Dora que l'auteur nous vendait depuis le début. A la place, on s'attarde à faire de longues descriptions de scènes de vie quotidienne. Je n'ai rien contre ce principe (le comics Scott Pilgrim de Bryan Lee O'Malley le fait très bien), mais ici ces scènes n'apportent rien à l'histoire et ne nous apprennent pas grand chose sur les personnages, leur psychologie ou leur caractère (j'ai en tête notamment une longue description de quatre pages d'un match de basket-ball qui n'apporte que des détails techniques sur le déroulement du match). De fait, on finit un livre qui se veut introspectif (le narrateur est le héros à la première personne et propose ses réflexions personnelles tout le long du livre) mais ne développe ou ne décrit quasiment pas les relations qu'entretient le héros avec son entourage, ce qui me semble t'il était l'intérêt de l'entreprise.
D'ailleurs, l'extrait le plus connu du livre (qui m'a initialement donné envie de le lire, voir extrait ci-dessous) aurait été très fort et très porteur de sens si seulement le personnage de Dora avait été un peu développé.
Pour se déplacer, elle utilisait la marche. En appui sur un pied, elle
lançait l'autre vers l'avant ; une fois retombé, celui-ci constituait un
nouvel appui, et ainsi de suite. Pour s'endormir, Dora se couchait,
fermait les yeux ; puis, au bout d'un certain temps, tout son corps
se détendait et elle sentait un léger décrochage dans le fil de ses
pensées. Pour manger, elle piquait avec sa fourchette la nourriture,
et levait le brais pour qu'elle entre dans sa bouche. Après quoi, elle
mâchait et avalait.
Pour tout le reste, Dora était invivable.
D'autre part, j'ai tout de même beaucoup apprécié les nombreuses recherches métaphoriques qui illustrent parfois très bien les propos du narrateur (voir extrait ci-dessous) et certaines réflexions pertinentes sur la vie (pour citer un exemple, le héros réfléchit sur le fait que ce qui se déroule à des kilomètres de nous a tendance à ne plus exister pour nous).
(Contexte de l'extrait : Le héros est en relation skype avec sa petite amie à Paris via webcam lorsque le débit se met à flancher)
La multitude de pixels qui la constituait s'était mise au plus bas
régime pour garder en vie ce lien, ce qui n'était pas sans rappeler
[...] le concept de flexisécurité forgé par le syndicalisme patronal
français, selon lequel il était parfois nécessaire de baisser tous les
salaires pour ne pas devoir licencier.
En bref, le livre propose des choses intéressantes, mais son objectif initial se trouve compromis par une trop grande attention accordée à des événements futiles au détriment de vrais éléments de vie quotidienne qui sont selon moi porteurs de beaucoup plus de sens, de vérité et de réflexion.