"Lisière" est un récit hautement dépaysant. Kapka Kassabova est née en Bulgarie mais elle a vécu toute sa vie en apatride, vivant actuellement en Ecosse après avoir suivi, enfant, ses parents en Nouvelle-Zélande. Autant dire qu'elle sait ce que signifie l'exil et le déracinement. A quarante ans, elle a entrepris un travail de retour aux sources déconcertant pour elle-même et le lecteur en retournant dans ce carrefour territorial que constitue l'antique Thrace à la croisée des routes de la soie et de la mer Noire, entre Bulgarie, Grèce et Turquie.
Des sources, il en est énormément question dans ce récit de voyage qui se focalise sur les "lisières", c'est-à-dire les frontières naturelles, humaines, géopolitiques. Eaux vives ou eaux troubles, archives ou mémoires des hommes. Ce retour au bercail ne laissera pas Kapka Kassabova indifférente ni même indemne. Dans les forêts profondes et sauvages de la mystérieuse et mystique Strandja, chaque centimètre carré est un concentré de beauté et de danger.
Narré à la façon d'un roman mais très documenté, ce voyage dans l'espace et le temps enivre autant qu'il effraie. C'est le récit des contrastes, des hontes, des espérances, des mixités mais aussi des passions, des croyances, des héritages. "Lisière" ne peut vraiment pas laisser le lecteur indifférent et pour peu qu'il s'intéresse à l'histoire européenne du XXème siècle, il sera véritablement passionné par ce livre.