Cela faisait un moment que l’imposant Loar, ouvrage de space-opéra de Loïc Henry, trônait dans ma bibliothèque. Je me suis enfin décidé à l’ouvrir et j’y ai trouvé un ouvrage à l’écriture remarquable, au service d’un contexte certes foisonnant, mais plus proche de l’héroïc-fantasy que de la science-fiction.
Loar, c’est le nom d’un des neuf royaumes dits « du Ponant ». Au début du roman, il est menacé par Melen, un royaume puissant allié à la Sainte Église, une religion hégémonique et les deux puissances vont bientôt entrer en guerre. Ah, et le tout se passe dans l’espace, mais ça pourrait très bien ne pas, a priori.
C’est un peu le souci de Loar: beaucoup d’éléments narratifs rappellent plus l’héroïc-fantasy. La technologie est peu présente et, quand on en parle, on a un peu l’impression qu’elle a été rajoutée à la va-vite. Il y a certes des vaisseaux et des batailles spatiales, mais ce sont encore des mondes où on voyage à cheval et où on se bat à la dague.
C’est aussi une histoire qui, à mon avis, souffre de deux des défauts les plus agaçants de l’héroïc-fantasy: des peuples mono-culturels et un premier degré coulé dans le bronze – plus un attachement aux seuls dirigeants. On l’impression que chaque royaume ne « produit » qu’un seul stéréotype – des savants sur Loar, des espions sur Bihan, des mercenaires sur Latar – et il est rare que l’on parle du petit peuple.
Je soupçonne que c’est un parti-pris: Loar tient plus de la saga que du roman au ras du sol; beaucoup de ses éléments auraient sa place dans une chronique historique à la gloire des rois anciens.
Les seuls éléments qui détonnent dans ce tableau sont les mystérieux spols: conseillers des dirigeants, ils sont fantasques – à mi-chemin entre le vieux sage et le fou du roi. Ils sont également la clé de l’histoire, mais je n’en dirai pas plus: j’ai trouvé la conclusion de Loar assez bien pensée, mais je crains qu’elle n’en frustre plus d’un.
Cela dit, le principal attrait de Loar est son écriture: moi qui n’aime pas l’héroïc-fantasy et qui, pendant longtemps dans ma lecture, suis resté sceptique quant à l’intrigue, j’ai été happé par le style de Loïc Henry. Au final, les quelques six cents pages du roman – inclus quelques annexes, comme un glossaire bienvenu – se lisent plutôt vite.
Si on ne se laisse pas abuser par l’étiquette « space-opéra » – c’est ainsi qu’il ma été vendu par les charmantes hôtesses du stand de Griffe d’encre, à Bagneux il y a deux ans – Loar est un roman fascinant, qui n’est certes pas exempt de défauts, mais qui apparaît comme imaginatif, maîtrisé et servi par une très belle écriture.