Bernard du Boucheron fait partie de ces passionnés de littérature qui ont patienté jusqu’à la retraite pour enfin s’adonner à l’écriture. Né en 1928, c’est en 2004 que celui-ci se fait découvrir du lectorat avec son premier roman intitulé Court Serpent, pour lequel il fut récompensé du Grand Prix de l’Académie française.
Depuis lors, Bernard du Boucheron n’a pas chômé, puisque c’est aujourd’hui son huitième roman qui voit le jour. Long-courrier se veut un travail littéraire profondément ancré dans la société de son temps. L’auteur tente d’y exprimer le monde actuel sans fioritures, dans toute sa complexité et sa diversité.
Je dis bien : l'auteur tente...
Pour exprimer cette diversité, un relais de narrateurs nuance sans cesse les points de vue adoptés au fil de l’œuvre. Trois narrateurs principaux se cèdent ainsi la parole et racontent tour à tour leur quotidien, partageant préoccupations, souvenirs et opinions avec le lecteur. Il en résulte un roman polyphonique, où chaque voix s’exprime dans un style qui lui est propre.
On découvre d’abord un « jeune beur ». Incapable de surmonter un complexe d’infériorité dû à sa couleur de peau trop bronzée à son goût, il se sent discriminé et voit du racisme partout autour de lui. Il y également une hôtesse de l’air. Aussi belle que superficielle, elle confie (dans un français qui ferait sortir de leurs gonds les académiciens) ses obsessions pour le sexe et l’argent. Enfin, intervient un ingénieur en aéronautique. Soumis aux caprices de son patron, ce dernier est terrorisé rien qu’à l’idée de monter dans un avion. Et les voilà tous les trois réunis dans un long-courrier qui les mènera où le roman voudra.
Derrière tout ce travail formel plutôt raté, on déplorera encore une superficialité certaine des thèmes exploités, largement basés sur des stéréotypes et des clichés dépassés, plutôt que sur une analyse plus fine des tensions qui meurtrissent la société occidentale à l’heure actuelle.