direction les États-Unis avec ce petit roman dense et rythmé de Joyce Maynard, Long week-end. Une chaleur caniculaire règne sur la côte Est en ce début de week-end du Labor Day (la fête du Travail est célébrée le premier lundi de septembre, il s’agit d’un jour férié et chômé marquant traditionnellement la rentrée scolaire après les vacances d’été). Le narrateur, Henry, treize ans, vit seul avec sa mère Adèle. Il partage les préoccupations des jeunes de son âge, le baseball et les filles, mais doit composer avec une mère, au contraire, hors de son temps. Depuis son divorce, Adèle, encore jeune et très jolie, vit recluse dans sa maison, au bout d’une impasse, limite ses contacts avec l’extérieur au minimum et passe ses journées et ses soirées à entretenir ses souvenirs. La rentrée des classes prochaine la contraint à conduire Henry au centre commercial. Caché derrière un présentoir de magazines où il essaie discrètement de feuilleter Playboy, Henry fait la rencontre de Frank, prisonnier évadé, qui va demander au jeune garçon et à sa mère de le conduire discrètement chez eux. C’est le début d’un week-end hors du temps qui bouleversera à jamais la vie de ces trois personnages. Telle une parenthèse enchantée, les six jours qu’ils passeront ensemble, loin du regard des autres, seront sûrement les meilleurs de leur vie. Comment ne pas douter d’un homme condamné à vingt ans de prison pour meurtre, et qui aura profité d’un court instant pour s’échapper de l’hôpital dans lequel il séjournait ? Et pourtant Adèle, elle, ne doutera pas un seul instant. Comme si ces deux âmes blessées et esseulées étaient finalement faites pour se rencontrer. Joyce Maynard nous plonge dans une atmosphère moite avec ce roman puissant et passionnant. Abordant différents thèmes tels que l’amour, le pardon ou les enfants de divorcés, cette tragédie romantique se déroule presque au ralenti, servie par une écriture gracieuse, à la fois mélancolique et joyeuse, et tout en finesse. Un roman très fort et enivrant. À noter, le roman a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 2014, par Jason Reitman (Last days of summer).