Envol poétique, récit onirique, lecture fantastique. Un livre qui fait... Planer.
J'avais 17 ans le jour où j'ai rencontré Denis Petit. J'attendais mon train pour l'Italie, sans musique dans les oreilles, sans compagnie. J'observais les gens. Et puis, dépassant du sac d'un bonhomme au cheveux gris, je vois "Julia & Roem", album de BD dont la couverture ressemble fort à du Bilal, et que je ne connaissais pas. Interloqué, je lui demande: "C'est le nouveau Bilal"?
Commence alors une des meilleures conversations de ma vie. Denis Petit est écrivain, avec à son actif un livre, Looping, dont la couverture est illustrée par Enki Bilal. L'album qu'il a dans son sac, c'est de lui qu'il le tient, quelques jours avant la sortie officielle en librairie. J'apprends que Denis Petit a pris son café à la même heure dans le même restaurant que Bilal, pendant un an, avant de savoir qui était ce dernier et de se lier d'amitié avec lui.
Fasciné, et aspirant-écrivain moi-même, je le harcèle de questions pendant que le décor défile à la fenêtre de notre compartiment. Au moment de cette rencontre, il écrivait le scénario de "Singeries", une excellente BD que j'achetais par la suite. Il me donne des conseils, me raconte des anecdotes, et me fait passer le meilleur voyage en train imaginable.
Voilà comment je connais ce livre. Inutile, sans doute, de préciser que ma note est donc totalement subjective.
Looping, c'est difficile à résumer.
C'est l'histoire d'un dessinateur de BD qui décide de faire mourir son héros. Sauf que ce dernier n'est pas d'accord, et se fait la malle. Son créateur part alors à sa recherche.
Looping c'est aussi l'aventure d'un jeune pilote et son aéroplane.
Finalement, c'est surtout une quête initiatique, un voyage rempli de songes et des conversations folles, dotées d'un humour fou.
Mais vous trouverez aussi dans cette lecture du chamanisme mongol, de la politique russe, d'autres choses encore, et autant de poésie que de dure réalité.
"-Tout ce que tu as fait était écrit et devait arriver.
-Rien n'est écrit, Shamaël, rien qu'on ne doive écrire... Une autre fois."
les Éthiopiques,
Hugo Pratt.
Voilà ce que Denis a choisi pour introduire son oeuvre. Et c'est normal, puisqu'il adore Pratt, et que Corto Maltese est sa référence.
On le ressent bien dans ce livre.
Mais puisque finalement, tenter de le résumer semble vain, je voudrais juste vous donner envie en disant que cette lecture est décapante, drôle, touchante, et qu'au fil des chapitres j'ai fini par être aussi rêveur que le sont les personnages, et je flottais comme les mots dans leur nuage.
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