Publié sur L'Homme Qui Lit :
C’est étonnant comme parfois, une couverture réussit à parler d’un livre sans en dire beaucoup. La première fois que mon regard s’est posé sur celle de Louis veut partir, que j’ai scruté l’image de ce jeune homme se laissant porter par l’eau de ce que j’imaginais être un lac en forêt, et que j’ai relu le titre, je me suis dit « ça doit parler du suicide d’un jeune homo » . C’est en lisant la quatrième de couverture que je me suis dit que j’avais vu juste, et qu’il fallait que je sollicite ce titre à l’éditeur parmi ma sélection de la rentrée littéraire.
On apprend dans les premières pages (mais c’est aussi écrit dans le résumé de l’éditeur, ne me jetez pas la pierre) que Louis s’est suicidé. Ce gamin d’à peine dix-huit ans a été retrouvé flottant dans un cours d’eau, la main crispée sur une boîte de médicaments, et lorsque son père arrive sur les lieux après un appel de la gendarmerie, la douleur laisse place à l’incompréhension. C’est qu’il a fait ce qu’il a pu, Pascal, pour élever son gamin tout seul. Avec sa vie d’ouvrier dans un village des Ardennes, il a fallu faire avec l’absence de la mère, et trouver un équilibre avec son fils.
Louis, c’était un taiseux, un mystère qui passait sa vie à dévorer des livres, semblait toujours heureux d’un rien, ne demandait pas grand chose et évitait de se plaindre. Entre eux, une douce harmonie dans une vie sans fioritures, jusqu’au drame, qui laisse plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Alors Pascal va chercher à comprendre, et quand après les obsèques il consultera le téléphone portable de son fils qui émet tout un tas de bruits, il commencera à détricoter la vie de celui qu’il ne connaissait en réalité absolument pas.
J’ai beaucoup aimé cette lecture, bien qu’elle soit relativement courte, parce que je trouvais ça original d’avoir le point de vue du père, celui qui reste, et pas simplement le récit misérabiliste du gosse qui se serait morfondu sur sa triste vie et ses espoirs fragiles d’un avenir meilleur. À plusieurs moments, j’ai même pensé, « qu’est-ce que mon père découvrirait de moi s’il venait à devoir nettoyer les dernières traces de ma vie ? » . Pourtant, si le récit est très bien écrit, sans forcer le trait, sans pathos, j’ai à certains moments trouvé que c’était un peu trop gros. Alors oui on peut certainement vivre avec un gamin discret qui ne dit rien de sa vie, mais là chapitre après chapitre, on en découvrait des vertes et des pas mures, et je me suis demandé ce qu’il pourrait nous trouver de plus gros encore au chapitre suivant. Un premier roman prometteur que je vous conseille de lire, et un auteur que j’espère retrouver prochainement en librairie.
Louis veut partir, de David Fortems, a paru le 20 août 2020 aux éditions Robert Laffont.