C'est un livre atypique à tous points de vue. Le concept d'abord qui veut qu'un fils sous le charme et l'admiration nous brosse le portrait choisi de sa mère sur l'extrême déclin. Une hagiographie trash en somme. Je n'avais jamais lu Alexandre Jardin et je pense que ce livre ne constitue pas la meilleure entrée en matière.
Le livre est court et écrit dans un style clairement brillant mais qui m'a immédiatement agacé par l'envie de l'auteur d'en mettre plein la vue sur la forme et le fond. Attention c'est clairement littéraire tout en étant agréable par la modernité de style, et du message, mais c'est également un peu lourd pour le côté béat d'admiration d'un modèle maternel à contrecourant. Alexandre Jardin s'ingénie à nous prouver page après page qu'il est le digne héritier d'une dynastie d'exception (on nous sort toujours un proche de la famille ou un aïeul qui a travaillé sur un film, ou le voisin de pallier de la maitresse d'une célébrité). J'exagère un poil mais on ressent que ce pauvre écrivain a été conditionné pour sortir du lot et à faire preuve d'un talent quelconque pourvu qu'il soit digne de l'échelle de valeurs de maman. Cette mère qu'il chérie et qu'il sait mortelle en devient aussi singulière que violente dans ses réactions (brûler des livres et manuscrits). On comprend la logique qui l'anime mais quand même c'est parfois extrêmiste et très jusqu'au boutiste.
Le déshonneur dans cette famille serait d'être ordinaire, sans aspérité, ou pire d'être banal.
Un livre étonnant dans son message et ce qu'il démontre sur cette famille. Je ne suis pas client de la forme mais clairement ça mérite qu'on y consacre quelques heures de sa vie.