Récemment, j'ai redécouvert Delly, pseudonyme derrière lequel se cachent une soeur et un frère écrivains devenus maîtres dans l'art de la romance au XXème siècle. Les histoires sont convenues et "gentillettes" mais le style tient la route et je trouve personnellement qu'il est assez agréable de lire une romance au charme désuet et qui échappe à ce que j'appelle les dérives de la chick-lit, à savoir une certaine vulgarité au détriment de l'image de la femme, une superficialité des sentiments et des situations improbables légitimées par un humour facile et souvent douteux.
J'ai conscience en écrivant ce paragraphe de faire très vieux jeu mais j'assume. Pour moi, un roman sentimental qui s'assume n'a pas besoin d'en faire des caisses pour être touchant et crédible. Avec "Ma robe couleur du temps", on est certes dans un script digne d'une téléfilm du dimanche sur M6 mais on en apprend aussi sur les relations entre les personnes à une époque pas si ancienne mais régies par des codes sociaux différents.
Avec ce roman qui met en scène Gillette, une jeune orpheline soumise à la tutelle de gens qu'elle n'apprécie pas et qui décide de se retirer seule à la campagne dans une ferme dont elle a héritée, j'ai retrouvé - dans une moindre mesure - quelque chose de l'indépendance d'esprit et de la combattivité de Bathsheba Everdene, l'héroïne de Thomas Hardy dans "Loin de la foule déchaînée". Moins soumise aux élans d'un coeur capricieux comme Bathsheba, Gillette n'en prend pas moins la décision de renoncer au mariage et à la maternité pour prendre sa vie en main dans une société hostile aux femmes autonomes. Toutefois, je ne pousserai pas plus loin la comparaison entre les deux romans car il ne se dégage pas chez Delly la puissante d'évocation et la psychologie fouillée d'un Thomas Hardy.
Une lecture plaisante et facile, idéale pour mettre un rayon de soleil dans une journée grise et humide.